Photo : Fouad S. «Aghesslouni min fadhlikoum» (lavez-moi SVP). Ces écrits tracés dans la souillure à l'arrière des voitures ou des bus par des mains malignes, témoignent d'une réalité que le citoyen ne tolère plus : la saleté des transports en commun et des taxis. Une situation qui ne reflète en rien le statut de service public inhérent au transport des personnes. La qualité de l'accueil qui se base sur la propreté et la courtoisie est loin d'être une préoccupation majeure. Le constat est sans appel, nos bus (privés ou publics) sont très sales à l'intérieur comme à l'extérieur. Où que vous alliez, une triste image s'offre à vous. Des autocars sont drapés d'une épaisse couche de saleté cumulée des jours durant. Station de bus du 1er-Mai. Une passagère quitte le bus qui l'a ramenée de Bachdjerrah en secouant sa jupe éclaboussée par la saleté. Un geste devenu habituel pour de nombreux passagers à leur descente du car. «En matière de propreté et d'hygiène, rien ne va plus. Les bus sont dégoûtants. Un jour, en montant dans un autocar, il y avait du vomi sur le plancher et une odeur nauséabonde y régnait», dira ce quinquagénaire avant de se demander s'il y a une autre alternative «lorsqu'on doit être à l'heure pour son travail». «On a pris l'habitude avec toute cette saleté et cela ne nous gêne plus énormément. Nos concitoyens attendent toujours une décision qui les obligera à faire leur devoir», tempête ce citoyen qui se remémore le jour où le regretté président Houari Boumediene avait fait une remarque sur les saleté des bus en disant : «pour nettoyer les bus, il vous faut aussi un décret». «Le lendemain, l'ensemble des autocars étaient propres», se souvient-il. Cette situation s'est même étalée aux bus de l'Etusa. Même la récente navette de l'aéroport, nouvellement mise en service, est dans un état désolant de saleté. Autrefois, le parc roulant de cette entreprise disposait de sa propre station de lavage. Pour les transporteurs privés, «la cherté du lavage et le manque de temps» expliquent cette situation. «Au rythme où nous travaillons, c'est à peine si nous trouvons un laps de temps pour le repos , explique un chauffeur qui affirme qu'aucun contrôle n'est effectué pour l'hygiène. «MA MISSION EST DE CONDUIRE» Un autre conducteur de bus estime que la propreté du véhicule est l'affaire du receveur ou encore de son propriétaire. «Ma mission c'est conduire les passagers et assurer leur sécurité», résume-t-il. Tout en pointant un doigt accusateur vers les passagers. En témoignent ces sachets de chips incrustés dans les trous débarrassés de leurs vis ou les glissières des fenêtres. Mais pour le président de la fédération des transporteurs privés, Bouchritt, tout bus de transport doit être nettoyé après chaque journée de travail. «On doit au moins le balayer. Ce qui n'est pas respecté par certains surtout quand le bus est mis en location avec un chauffeur qui ne respecte pas les règles d'hygiène», note-t-il et d'ajouter : «la propreté est une culture». Toutefois la fédération compte, selon lui, sensibiliser ses adhérents sur le problème d'hygiène dans les bus de transport. Certains chauffeurs très pointilleux sur la propreté affirment laver eux-mêmes les bus. «Le lavage dans une station coûte entre 3000 et 5000 DA, il est préférable de le nettoyer soi-même. Chose que je fais le jour de mon repos puisque je gare le véhicule chez moi», affirme l'un d'eux. Idem pour certains chauffeurs de taxi, notamment ceux opérant devant les établissements hôteliers et les gares aéroportuaires qui prennent soin au quotidien de leurs véhicules. «C'est mon outil de travail et je dois le garder propre pour moi-même, pour l'image du taxi et pour le client qui doit se sentir respecté», explique un chauffeur de taxi qui avoue que les clients savent apprécier le véhicule bien entretenu et le lui font savoir. Une remarque qui l'encourage à demeurer au top dans la qualité des services qu'il offre.