Dans les années 1980, les immeubles de la capitale étaient l'exemple à prendre en matière d'hygiène et de gestion des locataires notamment sur le plan du bon voisinage. Grace à qui ? Grâce aux concierges qui veillaient de près comme de loin à la salubrité des parties communes des bâtisses. Aujourd'hui et avec l'évolution des mœurs, les choses ont pris d'autres tournures et la gestion des immeubles n'est plus à l'ordre du jour. Les raisons ? Les concierges ont disparu. Leur existence n'est que de l'histoire ancienne. Dès l'indépendance, la gestion des bâtiments a été atribuée aux services des biens vacants ensuite aux offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI). Ils étaient ainsi gérés selon une organisation universellement connue et basée sur l'existence d'un syndic d'immeuble et d'une conciergerie. Cependant, depuis la cession des «biens de l'Etat», au début des années 80, la qualité d'entretien de ces immeubles a commencé à se détériorer. Les concierges, de leur côté, ont abandonné leur métier et la relève n'a pas été assurée. Comme c'est le cas pour l'immeuble 7 de la rue Hocine-Tayah à Alger centre. Autrefois, ce batîment laissait les citadins admiratifs. Son portail en fer forgé étonnait plus d'un particulièrement les architectes. Selon un locataire rencontré sur les lieux, l'immeuble en question a dépéri après le décès de la concierge en 1991. Celle-ci s'occupait du moindre détail. Désormais ses occupants sont livrés à eux-mêmes. «Chacun pour soi», rétorque notre interlocuteur. Les locataires ont loué les services d'une femme de ménage pour nettoyer la cage d'escaliers une fois par semaine. Même constat au niveau de l'immeuble «A» de Ali Boumendjel. Ici, la disparition de la concierge a plongé la bâtisse dans le noir. La cage d'escaliers n'est pas éclairée, les murs sont fissurés et les caves dégagent une odeur nauséabonde. «La concierge qui s'occupait de l'immeuble connaissait bien son travail», raconte Mohamed, un sexagénaire habitant des lieux. «Elle était au courant des moindres agissements dans le quartier, remettait le courrier quand ses destinataires sont absents, surveillait le comportement parfois étourdi de certains enfants et maintenait l'hygiène à l'intérieur de la bâtisse», témoigne-t-il. Résidant au 10, rue Patrice-Lumumba, Rachid se plaint aussi de l'absence de concierge ou de gardien d'immeuble. «Il faut ressusciter la culture de la conciergerie qui a disparu pour la préservation des biens commun», soutient-il. Selon lui, les autorités doivent mettre en place un cadre juridique pour une gestion immobilière de qualité.