Un mot sur votre première visite à Alger ? C'est émouvant et important pour moi de visiter un pays méditerranéen. J'ai visité avec mes musiciens la cité millénaire, la Casbah, un site féerique et imprenable. Il y a des consonances entre la musique algérienne et ma musique. J'ai collaboré dans mon travail avec plusieurs artistes algériens à l'exemple de Idir, Souad Massi, les frères Khalfa, le guitariste Amar Saâdna. Comment êtes-vous venu à la conception du voyage intérieur dans le monde musical ? Pour moi, chaque artiste se doit de faire un voyage intérieur. Si j'emploie souvent ce mot, c'est parce que je suis un musicien qui a beaucoup voyagé, tissé des liens, partagé mon expérience avec d'autres musiciens. Si aujourd'hui mon public me respecte c'est parce qu'il sait que je suis en quête d'une musique sincère et pure. Cette conception vous est personnelle ou est-elle répandue dans le monde ? Je ne sais pas mais certains artistes se préoccupent de leur carrière, de leur notoriété, de la virtuosité. Cependant, je ne blâme personne, car chacun est libre de son choix. Pour ma part, je suis constamment à la recherche des musiques du monde. Vous-êtes français et vous pratiquez la musique du monde, tzigane, gitane, arabe aussi. Comment expliquez-vous cette diversité plurielle que vous interprétez dans la musique ? A vrai dire, je joue une musique méditerranéenne qui inclut tous les rythmes de la rive et du pourtour méditerranéen. Je ne considère pas ce que je fais comme un métissage mais je suis plutôt en connexion avec une ancienne époque. Certes, je suis très influencé par les sources musicales méditerranéennes mais ma musique est une création contemporaine. Est-ce que la musique du monde que vous pratiquez constitue un message d'union, de fraternité et d'amour entre les peuples du monde ? Bien évidemment. Ma musique reflète ma vie. C'est pourquoi, on y repère différents styles de musique. Parlez-nous de votre parcours musical, tournées, enregistrements, formations et la rencontre des musiciens de votre groupe ? Je n'ai pas eu la chance d'étudier dans une école, d'être encadré par des professeurs, je suis donc un artiste autodidacte. J'ai eu par contre la chance de sillonner plusieurs pays du monde. J'ai réalisé plusieurs disques. Dans mes concerts, j'adore partager la scène avec des artistes. La preuve, j'ai chanté aux côtés de la chanteuse indienne Gulabi Sapera, le guitariste Amar Saâdna ou Hacer Toruk. Nous savons également que vous vous produisez dans des concerts parfois en compagnie de vos deux filles ; est-ce un avantage pour vous ? C'est formidable pour un père d'être entouré de ses enfants. C'est un immense moment rempli de bonheur. En plus de l'affection paternelle, je transmets mon savoir et la tradition musicale à ma progéniture, une sorte de legs, de relève. Vous êtes un artiste à vocation plurielle, musique, cinéma… Etes-vous actuellement sur un autre projet ? Il est vrai que j'aime tout ce qui a trait à la culture en général et la musique en particulier. Au sujet du cinéma, je compose seulement les musiques de films lorsque l'on me sollicite, sinon je ne fais pas cela d'une façon régulière. A titre illustratif, j'ai réalisé la musique du film de Florence Quentin «Olé !» et du film d'animation d'Emmanuelle Gorgiard dans «Le Cid». Actuellement, je prépare la prochaine sortie de trois albums que je compte produire dans trois pays, Inde, Maroc et Turquie. Puis je compte rassembler ces trois disques en un coffret intitulé «Les musiques du monde» au label «Naïve». Un mot pour la fin ? Je suis impatient de retrouver mon public d'Oran et de Tlemcen où je donne ces jours-ci des spectacles. Pour moi, c'est très important de séduire le public, car c'est telle une rencontre amoureuse.