Photo: Fouad S. La sardine est devenue inaccessible pour les petites et les moyennes bourses. «De mémoire d'homme, jamais ce produit n'a atteint ce prix», lance un citoyen outré devant le prix de la sardine : 400 DA le kilo chez les poissonniers, alors qu'il y a à peine dix jours elle se vendait à 180 DA. Les vendeurs pointent du doigt leurs fournisseurs. Les raisons invoquées par les professionnels de la pêche et les consommateurs de la sardine ne répondent parfois à aucune logique mais donnent les explications les plus farfelues : on discerne tout le mal dont souffre la filière. Une virée s'impose donc à la pêcherie d'Alger. Sur place, tôt le matin, des grossistes proposent la sardine à 6 000 DA le casier (quelque 22 kg). Il n'y a pas lieu de négocier. «Ce sont des prix fixes», résume H. Kamel, propriétaire d'un thonier. En plus des conditions climatiques non favorables à la pêche, ces derniers jours, le problème de l'offre se pose également sur les côtes algéroises. Les pêcheurs sont unanimes à affirmer la rareté de la sardine et d'autres de poissons. Ils soutiennent que leurs filets n'attrapent que le cinquième des quantités habituelles. «Ce manque n'est que le résultat de l'inconscience et l'avidité des professionnels de la mer qui ne reculent devant rien pour lui arracher plus qu'elle ne peut en donner», a-t-on fait savoir. En raclant les fonds marins avec leurs filets de pêche, les chalutiers abîment fatalement les fonds marins, détruisant à chaque passage toute forme de vie. « Ne trouvant plus son alimentation naturelle qui consiste en du poisson fourrage, la sardine va automatiquement changer d'endroit ». L'utilisation de la dynamite est également citée à la pêcherie d'Alger. Elle a été mise au banc des accusés puisqu'on reproche à ses adeptes de transgresser la réglementation en place. La pêche à la dynamite est interdite, passible de fortes amendes et même de peines de prison mais certains ne reculent devant rien. Face à la raréfaction des ressources halieutiques, Kamel affirme couvrir difficilement les charges de son bateau mais aussi les salaires des 14 pêcheurs qu'il engage chaque jour. Sur la lancée, les pêcheurs n'excluent pas, dans les prochains jours, une autre augmentation des prix de la sardine ou carrément son indisponibilité. Quant à l'aspect spéculatif qui a une incidence directe et une emprise totale sur les prix de la sardine et du poisson en général, on affirme qu'avant même de débarquer la marchandise sur les quais, celle-ci a déjà un propriétaire. On soupçonne quelques mandataires de faire main basse sur la production de la majorité des sardiniers. Distribuant leur précieuse marchandise sur plusieurs wilayas et faisant jouer à leur avantage le système de l'offre et de la demande.