L'appel à la raison contenu dans la lettre du ministre de l'Education en direction des enseignants ne semble pas avoir produit d'effets et convaincu. Même le recours à une lettre ouverte qui comportait des accents de sincérité n'a pu dissuader les enseignants de faire passer l'intérêt des élèves au-dessus de toute considération. Par un entêtement à boycotter les cours, la grève prend les allures d'un diktat et perd son sens d'expression mesuré et responsable. Des syndicats persistent à bloquer le fonctionnement des écoles indifférents aux inquiétudes de parents qui ne savent plus à quel saint se vouer. Sans sourciller, certains vont priver de savoir les enfants à qui ces grèves à répétition imposent une scolarité perturbée. Quel autre moyen peut-on trouver pour faire détester les bancs des classes à des enfants désorientés ? Jamais sans doute l'école algérienne qui est revenue de loin après la réforme des programmes ne connaît un tel état d'irresponsabilité. L'école a désormais mal à ses enseignants. Il est étrange que toutes les revendications se concentrent sur un seul point, le relèvement des salaires comme si l'école algérienne ne comportait pas d'autres sujets de mécontentement. On n'a jamais entendu les syndicats protester contre les multiples formes de dégradation de la vie scolaire. Ni la surcharge des classes, ni le contenu des programmes ou les méthodes pédagogiques ne donnent lieu à autant de ratiocinations. Rien ne semble gêner sinon les salaires qui ont été pourtant relevés ces dernières années. Cette énième grève pose également une autre question sur ce qui s'apparente davantage à une désertion. On ne rejoint pas les classes pour exprimer par une présence passive sans courroux. On en profitera comme c'est déjà le cas pour certains en temps normal de régler des affaires d'ordre personnel. La grève ne fera pas cesser les cours privés devenus une lucrative source de revenus pour des professeurs et maîtres qui accordent beaucoup d'importance. Qui peut compter seulement sur le savoir dispensé chichement dans les classes pour l'éducation de son enfant ? Tout est fait pour orienter les enfants vers un marché lucratif des cours privés sans que cela soulève l'indignation d'un quelconque syndicat. Et Dieu sait s'ils sont nombreux.