Le lycée Emir Abdelkader, le plus grand établissement scolaire au niveau de la capitale, renferme plus de 1400 lycéens. La majorité de ces derniers sont privés de cours depuis quinze jours. La raison est que les enseignants affiliés au Conseil des lycées d'Algérie (CLA), au nombre de 40 sur les 80 que compte le lycée, ont décidé le 6 janvier d'une grève ouverte et renouvelable chaque jour. Par cette action qui pénalise en premier lieu les élèves, les contestataires revendiquent le départ du chef d'établissement. Ne voyant pas le bout du tunnel et ayant ras-le-bol des grèves répétées au sein de ce lycée, les parents d'élèves ainsi que les élèves ont décidé de réagir. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, les parents d'élèves et les lycéens, notamment ceux qui sont en troisième année secondaire, ont lancé un appel de détresse et demandent aux responsables en haut lieu d'intervenir. « Nous sommes pris en otages. Si le conflit entre les enseignants et la directrice persistera, la grève va se poursuivre et les conséquences de celle-ci seront inévitablement l'échec scolaire et la déperdition des centaines d'élèves. Aujourd'hui, aucune issue pour la reprise des cours n'a été apparemment trouvée, et c'est pour cette raison que nous sollicitons l'intervention des responsables concernés », expliquent les élèves. Un parent d'une élève ajoute que ce lycée connaît depuis quelques années des mouvements de protestation qui ont déstabilisé à la longue la scolarité des élèves. « Nous soutenons les revendications socioprofessionnelles des enseignants, mais nous n'acceptons jamais que les enseignants affiliés au syndicat prennent en otages nos enfants pour le règlement des problèmes personnels », a-t-il expliqué. Cependant, si les grévistes persistent et signent quant à la poursuite du mouvement de débrayage jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications, la directrice refuse le pourrissement et par la même la pénalisation des élèves, et dans l'intérêt de ces derniers, elle et son staff ont déposé une lettre de démission collective qui a été toutefois rejetée par sa hiérarchie. « Il n'est pas facile de gérer un établissement tel que l'Emir, il n'est pas aussi facile de gérer des enseignants irresponsables. Le problème qui se pose à l'Emir ne date pas depuis mon arrivée à la tête de cet établissement, mais remonte à plusieurs années », a soutenu Mme Mansouri, chef d'établissement de l'Emir, qui a été désignée récemment au poste de secrétaire générale de l'académie d'Alger. Mme Mansouri sera installée incessamment à son nouveau poste, c'est-à-dire le temps de trouver un remplaçant à la tête du lycée Emir Abdelkader. Pourquoi alors perturber en plein milieu de l'année scolaire les élèves et leur faire perdre leur précieux temps. Les enseignants grévistes pensent que c'est à la tutelle de régler ce problème et que la balle est dans son camp. « Ce n'est pas de notre faute si les élèves sont privés de cours, ils n'ont qu'à se plaindre auprès de la tutelle puisque c'est de son devoir de prendre en charge ce problème », dira un gréviste. Pour sa part, Mme Mansouri partage l'inquiétude des élèves et de leurs parents et admet qu'il est urgent de trouver une solution. « Les enseignants mécontents de ma gestion peuvent bien recourir à des protestations mais en dehors des heures de travail. Je vous rappelle que je n'ai lésé aucun enseignant. J'ai appliqué la réglementation, ce qui n'a pas plu à certains syndicalistes », dira-t-elle. Celle-ci a expliqué qu'« une commission a été dépêchée par l'académie au lycée pour tenter de trouver un terrain d'entente et d'écouter les deux parties en conflit, les enseignants affiliés au CLA ont refusé de s'asseoir autour de la même table que les membres de la direction. Ces gens refusent le dialogue », a-t-elle affirmé. Un fait toutefois récusé par les enseignants. Il est à préciser toutefois que dans l'intérêt des élèves, qui ont déjà accusé un retard considérable dans leurs cours, de clarifier la situation et de trouver dans l'immédiat une solution à ce conflit.