Par les temps qui courent, la grappe de raisin est redevenue le fruit interdit de par sa séduisante lueur à vous plonger dans le royaume de Bacchus. Il y a fort longtemps que les coteaux de Mascara ne font plus dans les grands cépages pour libérer un précieux millésime à jamais banni. On se contentera de grappiller sur le gros noir histoire de noyer certains soucis. Avec les grandes chaleurs qui se sont abattues sur nos plaines, le vignoble a pris un sacré coup de soleil, les vendangeurs se sont frotté les mains pour aller cueillir la première récolte de l'été. Au marché, on est déjà passé à la surenchère pour faire payer au consommateur le prix du péché mignon. Pour le moment, il n'y a que du noir à broyer, le beau muscat reste bien conservé à l'ombre. Les vignerons ont appris à jongler avec la qualité pour vendre la sabelle, cette voluptueuse et pulpeuse grappe dorée, au prix d'or. Le raisin vert a fait son apparition. On lui attribue toutes les qualités requises pour entrer dans la composante culinaire du couscous. Avec les fêtes et autres réjouissances familiales, le muscat garde toujours son allant et sa noblesse pour égayer les grandes rencontres conviviales. De tous les fruits d'été, le raisin garde ce côté voluptueux et suave qui transporte l'âme et le corps. Ce légendaire fruit nous prend à la gorge pour nous replonger dans le monde magique de l'ivresse. Dans les empires qui se sont succédé, la grappe de raisin est restée gravée dans les monuments et stèles pour immortaliser l'opulence et la joie. Elle a, paraît-il, des pouvoirs qui font de sa feuille un ingrédient de choix pour la cuisine. En tenue d'Eve on ne saurait être mieux protégé… Par delà l'histoire et la légende, on a fait porter à la feuille de vigne l'ultime rempart contre la nudité. A travers ce goût bien prononcé pour l'aventure, on est resté attaché quand même à cette tentation de s'enivrer… le temps d'un dessert.
