A peine entamées, les vendanges donnent des signes d'essoufflement. Même les vignes appartenant à l'ONCV attendent, patiemment, sous un soleil torride que leurs grappes se dessèchent. Commencée avec une semaine de retard sur le calendrier habituel, la campagne s'est soudainement arrêtée en raison de la saturation des caves. C'est ainsi qu'au niveau de Fornaka qui vient de bénéficier d'une opération de restauration et de modernisation de sa cave qui- aurait coûté pas moins de 12 milliards de Cts à son propriétaire- c'est la bousculade et la fuite en avant. Selon un agronome, rencontré sur le site, la vinification aurait atteint des niveaux appréciables en seulement une semaine. Une grande part provient des propres cépages de l'ONCV. Cet organisme possède, en propriété, pas moins de 500 hectares dont seul le tiers, situé à l'Est et sur les hauteurs de Stidia, aura été vendangé. Toutes les vignes qui occupent les coteaux, depuis cette ville pittoresque, installée à cheval sur le méridien de Greenwich, jusqu'aux marais de la Mactaa, continuent de ployer sous les grappes noires de Carignan et d'Alicante. Atteint d'une maturation précoce, ces raisins prestigieux se dessèchent à vue d'œil alors qu'au niveau de la cave de Fornaka et de Hadjadj, l'ONCV aurait décidé de marquer une pause de deux jours afin, nous expliquera-t-on, de procéder au décuvage des raisins déjà vinifiés. Une halte que les nombreux viticulteurs ne pourront pas respecter car pour certains il s'agit d'une simple manœuvre pour retarder la réception de leur récolte, alors que pour d'autres c'est la course contre la montre. dessèchement avancé des grappes En effet, juchés sur la vingtaine de remorques, qui attendaient depuis l'aube à l'entrée de la cave dont le portail demeurait désespérément fermé, des fellahs, venus du plateau de Mostaganem, nous montreront, avec écœurement, la décomposition et l'état de dessèchement avancé des grappes de Cinsault ou Carignan. Un fellah dont le tracteur était posté devant le portail, nous dira être parti depuis 3 heures du matin, depuis Béthiouia, pour se voir contraint d'attendre avec sa récolte, une hypothétique réception. Car à l'intérieur de la cave, le personnel était fort affairé à transférer le vin depuis les cuves de fermentation vers les cuves de stockage, du haut desquelles il est loisible, au jeune caviste, d'observer la longue fille d'attente qui continue de grossir. Selon certains fellahs, c'est l'absence de coordination avec l'ONCV qui serait responsable de ces incidents. Beaucoup regrettent le bon vieux temps où chaque paysan était programmé pour livrer sa récolte en fonction du taux d'alcool dans les raisins. Du coté de Benabdelmalek Ramdane, un vinificateur privé s'en tire parfaitement bien en distribuant des bons de livraison à ses partenaires. De la sorte, il n'y a aucun problème à l'entrée de sa cave. Une remorque est vidée en moins de deux heures d'attente. Par contre, au niveau de Fornaka, c'est la désorganisation qui prime, à telle enseigne que certaines journées ne finissent qu'à l'aube. Un étirement qui finira par saper le moral des petits paysans qui s'étaient fort courageusement impliqués dans le programme de réhabilitation du vignoble. Toutefois, suite à l'intervention du DSA, l'ensemble des remorques, qui étaient en attente au niveau de Fornaka, ont été réceptionnées, au grand soulagement des viticulteurs dont certains ne cacheront pas leurs craintes de voir se répéter ce genre d'incidents.