C'est aujourd'hui que s'ouvre, à Alger, le deuxième colloque international sur les effets nucléaires effectués par la France en Algérie, à l'initiative du ministère des Moudjahidine et sous le patronage du président Abdelaziz Bouteflika. Ce colloque de deux jours qui sera animé par des chercheurs nationaux et internationaux a lieu au lendemain de la sortie au Parisien d'un rapport, tenu secret jusque-là, sur les essais nucléaires effectués par la France dans le Sud algérien. Les rapports en question résument les opérations nucléaires au Sahara entre 1960 et 1966. Il est dit dans ces rapports que la France avait notamment comme ambition d'étudier les effets physiologiques et psychologiques de la bombe atomique sur l'homme ou ce que les auteurs de ce rapport appellent «d'expérimentations tactiques». «Il s'agit d'exécuter (…) deux manœuvres dans un cadre offensif et une dans un cadre défensif» afin d'étudier «la réoccupation d'une position touchée par une explosion nucléaire». 300 personnes y prennent part, essentiellement des appelés issus des régiments allemands. Sans oublier les «cobayes» algériens que la France «omet» de mentionner, allant jusqu'à affirmer que le Sahara est un endroit «mort», alors que des habitants se trouvaient à 40 km à peine du lieu des essais nucléaires, à Regagne. Des détenus ainsi que des civiles que les militaires français avaient ramenés de force, étaient contraints de s'abriter dans des fossés durant l'explosion. Dans ce rapport, il est dit que la troupe de la France se trouvait à 275 m de l'explosion atomique du 25 avril 1961. Comme seule protection contre les radiations, un masque anti-poussière au lieu d'un masque à gaz. Car le masque à gaz, indique le rapport, complique les communications. Le masque anti-poussière évidemment n'a été distribué qu'aux militaires français. Dans ce rapport, les victimes algériennes ne sont pas mentionnées. Mais elles sont concernées tout autant que les victimes françaises que l'Hexagone a utilisées comme cobayes, sinon plus. Car si les victimes françaises sont, aujourd'hui, à l'abri des radiations, il n'en est pas de même pour les habitants du Sahara, de Reggane particulièrement.