Un colloque international sur "les essais nucléaires dans le monde: cas du Sahara algérien" sera organisé mardi et mercredi à Alger avec la participation de nombre d'experts et historiens algériens et étrangers. Initiée par le Centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954, cette rencontre "scientifique" s'inscrit dans la série de colloques lancée par le ministère des Moudjahidine en vue "de préserver la mémoire collective et la transmettre aux générations futures", a indiqué M. Brahim Abbés, directeur du patrimoine historique et culturel au ministère, lors d'un point de presse tenu lundi au siège du centre. Le colloque auquel prendront part des experts Algériens, Français, Japonais, Polynésiens, Australiens et Américains, tournera autour de trois axes, à savoir "l'histoire et la mémoire", "les conséquences des essais nucléaires sur la santé et l'environnement","l'aspect juridique: la prise en charge des victimes et la réhabilitation des zones contaminées", a précisé le Dr. Abbés qui est aussi le directeur du colloque et son porte-parole. La rencontre d'Alger vise ainsi à contribuer à l'écriture de l'histoire des régions touchées par des essais nucléaires français à l'image du Sahara algérien ainsi qu'à favoriser l'échange d'expériences entre les différents experts et spécialistes, a souligné le porte-parole du colloque. Elle ambitionne également la présentation de travaux de recherche sur les essais nucléaires français en Algérie et dans le monde, et leur publication dans un ouvrage intitulé "Essais nucléaires dans le monde: cas du Sahara algérien" ainsi que la mise en place d'un réseau international regroupant l'ensemble des organismes spécialisés, a-t-il ajouté. La réflexion autour d'un programme visant la réhabilitation des sites et des zones contaminés par les essais nucléaires et la proposition de lois à même de garantir une meilleure prise en charge des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien, figurent aussi parmi les objectifs de ce colloque international. La présentation d'un film documentaire de 13 mn, reprenant les essais nucléaires opérés dans le Sahara algérien, marquera l'ouverture de ce colloque, où des victimes viendront apporter leurs témoignages sur les effets dévastateurs de cette arme de destruction massive. Plusieurs conférences seront animées au cours de cette rencontre dont celle de M.Bruno Barillot (France), expert auprès du Conseil d'orientation et du suivi des conséquences des expériences nucléaires en Polynésie française. Parmi les interventions, figurent également celles d'un inspecteur du Centre d'armement et de la non-prolifération des armes nucléaires, d'une ONG Américaine, ainsi que celle de l'Australien M. Nic Mac Lellan, journaliste et chercheur-correspondant en Australie de l'organisation " Nuclear Free and Independant Pacific ". Des experts algériens interviendront également lors de cette rencontre, dont des professeurs en médecine, à l'image de Mustapha Khiati, Abdelhamid Aberkane, Sallaheddine Youcef et Tahar Sahraoui. Concernant les raisons du report de la rencontre, prévue initialement en novembre 2006, M. Abbés a indiqué qu'"à cette époque, peu de chercheurs et de spécialistes avaient confirmé leur participation", ajoutant que "le ministère avait décidé de reporter le colloque, afin de s'accorder le temps nécessaire pour garantir les meilleures conditions de son déroulement". Il a estimé que "le report du colloque permet ainsi de le coïncider avec la date des premiers essais nucléaires menés dans le Sahara algérien", par l'occupant français. Le Sahara algérien a été le théâtre de dix-sept essais nucléaires français durant la période allant de 1960 à 1967 dont treize essais à In Iker (Tamanrasset) et quatre à Reggane (Adrar), affirment des études réalisées par des chercheurs algériens. Ces études regroupées dans un recueil réalisé par des chercheurs du Centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954, démontrent clairement les effets néfastes de ces essais sur les populations ainsi que sur la faune et la flore de ces régions du Sud de l'Algérie. "La France avait non seulement effectué, notamment durant la période coloniale, des essais nucléaires sur des espèces animales et végétales, mais aussi, a utilisé comme cobayes plus de 150 prisonniers, dont des femmes enceintes, des enfants ainsi que des vieillards dans le but de décimer le peuple algérien", lit-on dans l'une des études réalisées par ce centre de recherches. "Au cours de ses expériences nucléaires inhumaines, la colonisation française utilisait des appareils spéciaux susceptibles de mesurer le taux de radiation que provoquait ces essais chez les êtres-vivants et leur environnement", ajoute la même source. La première bombe nucléaire française a été explosée le 13 février 1960 à In Iker sous le non "gerboise bleue". D'une force d'explosion équivalente à 70 kilo tonnes de TNT, cette bombe est trois fois plus puissante que celle larguée sur la ville d'Hiroshima (Japon), en 1945.