L'histoire renaît de ses cendres pour apporter son témoignage. Le fossé entre Paris et Alger s'élargit de plus en plus. Au moment où le gouvernement français tente par le biais de ses émissaires, de tourner la page et de se rapprocher davantage de l'Algérie, le passé renaît de ses cendres. Le séminaire international sur les essais nucléaires qui s'ouvre aujourd'hui à Alger, sous le patronage du chef de l'Etat, semble avoir réveillé les vieux démons. En effet, après un demi-siècle, les essais nucléaires effectués par la France dans le Sud algérien viennent jeter de l'huile sur le feu. La tenue de ce séminaire international, le premier du genre, intervient au lendemain de la visite à Alger du président du Conseil constitutionnel français, M.Pierre Mazeaud, venu transmettre le souhait de son président de reprendre les négociations sur le traité d'amitié avec l'Algérie. La rencontre d'aujourd'hui qui apportera la lumière sur les essais nucléaires de Reggane et leurs conséquences néfastes va encore rappeler, à l'opinion publique, l'atrocité commise par la France coloniale qui refuse de reconnaître ses crimes. «Le dossier des essais nucléaires est considéré comme une séquelle parmi d'autres de la présence de la France coloniale en Algérie», a déclaré le responsable de la direction du patrimoine historique au ministère des Moudjahidine, Brahim Abbès. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au Centre des études et de recherche sur le mouvement révolutionnaire, ce dernier est revenu sur l'importance et le rôle de ce séminaire à caractère scientifique dans l'écriture de l'histoire. L'orateur a tenu à rassurer que la réécriture de l'histoire est en bonne voie. Quant à la récupération de l'archive, le directeur dira: «Nous sommes en lutte interne pour la récupération de toutes les archives algériennes détenues par la France, la Tunisie et même la Turquie». Par ailleurs, il faut reconnaître qu'il y a une confusion autour du dossier des essais nucléaires. 47 ans après, le nombre exact des essais nucléaires effectués en Algérie n'est pas encore connu. Selon les recherches, le nombre d'opérations nucléaires s'élève à 17 dont 4 essais aériens et 13 souterrains. Selon un expert en nucléaire, M.Mansouri, beaucoup d'essais restent dissimulés. En plus des 17 essais, ce dernier affirme que 40 autres essais ont été effectués à 50 kilomètres d'El-Hammoudia. Interrogé sur le nombre des victimes, M.Mansouri dira qu'il reste inconnu. Ce qui est certain, affirme-t-il, c'est que des milliers de personnes dont des enfants, ont trouvé la mort et des centaines d'autres souffrent jusqu'à présent. Il reconnaît, toutefois, la difficulté de recenser le nombre de victimes, puisque les effets radioactifs des essais nucléaires ont provoqué plusieurs types de maladie. S'étalant sur l'impact des retombées nucléaires, l'expert fait savoir que les zones touchées présentent un grand risque sur la santé de leurs habitants. «La France doit prendre sa responsabilité juridique et assumer les conséquences des essais nucléaires», a clamé M.Mansouri. La France doit participer à la réhabilitation des zones touchées en particulier celle d'El-Hammoudia. Enfin, ce colloque de deux jours portera sur trois thèmes, à savoir «l'histoire et la mémoire», «les conséquences des essais nucléaires sur la santé et l'environnement», «l'aspect juridique: la prise en charge des victimes et la réhabilitation des zones contaminées». Des experts algériens, français, japonais, polynésiens, australiens et américains prendront part à ce colloque.