Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) qui a déposé jeudi le président Mamadou Tandja, suspendu la Constitution et dissous le gouvernement, rassure. Il promet de rendre « au plus vite » le pouvoir aux civils. «Les militaires ont promis de diriger le pays jusqu'à ce que la classe politique se soit mise d'accord sur une nouvelle Constitution et soit prête pour de nouvelles élections», affirme Mohamed Ibn Chambas, le médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, à l'issue d'un entretien avec le leader des putschistes. Seul hic, l'armée qui a promis d'engager le dialogue avec les diverses forces du pays avant la tenue des élections équitables n'a pas donné de précision sur la durée de cette «période de transition» qui dépendrait in fine «déroulement du dialogue politique». Saïd Djinnit, le représentant du secrétaire général de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Ramtane Lamamra, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine et Chambas qui ont fait un forcing sur la junte, ont eu droit à une promesse d'élections à une date qui reste à déterminer. Les priorités de la junte semblent ailleurs. «Notre intention est d'assainir la situation politique, de réconcilier les Nigériens. Nous comptons organiser les élections, mais avant, il faut assainir la situation. Nous nous engageons à restaurer une véritable démocratie comme en 1999», explique le colonel Djibrilla Hamidou Hima estimant comme beaucoup à Niamey que l'armée a mis fin à une dérive autocratique. Pour preuve, ils citent les milliers de personnes qui ont défilé samedi à Niamey, dimanche à Zinder, la seconde ville du pays et hier à Diffa, la région de Tandja en lançant «Vive l'armée nigérienne !» et «Vive le CSRD!». Curieusement, les militaires qui exhibent ces marches de soutien ne semblent pas entendre les appels à «organiser des élections libres, démocratiques et transparentes dans les meilleurs délais». «Nous appelons les militaires à tenir leur promesse de restaurer la démocratie dans les délais les meilleurs», déclare dans un communiqué le Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fusad). Cette organisation réunissant plusieurs syndicats, réclame l'adoption d'une nouvelle Constitution, des élections «libres et transparentes» et invite la Communauté internationale «à accompagner» le Niger «dans son processus de transition démocratique». Le Collectif des organisations de défense des droits de l'Homme tient le même discours. Il demande à la junte d'aller vite pour aboutir à la restauration de la démocratie et au respect des droits de l'Homme». Le Niger qui a connu 4 putschs depuis son indépendance réussira-t-il à éviter le sort de la Côte d'Ivoire ou de la Guinée où des «militaires» avaient aussi promis de nettoyer la maison et d'organiser les élections sans se présenter pour changer d'avis après quelques mois au pouvoir ? Les Nigériens qui ont découvert le nom de Salou Djibo se demandent quand ce dernier va s'adresser à la nation, donner la composante du Conseil qu'il dirige et rencontrer les représentants de la classe politique pour les informer sur ses intentions.