Pour endiguer ce phénomène dans la capitale, l'Etat a tracé un programme et dégagé une enveloppe de 9,9 milliards de dinars destinés à la construction de logements. Selon le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de 2007, l'Algérie renferme 554.000 habitations de fortune, tous types confondus. Ce responsable classe l'habitat précaire en trois sortes. En premier, il y a les logements réalisés avec des matériaux hétéroclites périssables (tôles ondulées, parpaings…) qui sont au nombre de 92.000. Les constructions réalisées en briques et parpaings mais sans fondations sont estimées à 284.000 à l'échelle nationale et en dernier, les habitations à base de terre qui sont au nombre de 180.000 disséminées entre Adrar, Tindouf, Ghardaïa, Biskra et Laghouat. M. Makhlouf Aït Saâda, directeur de l'urbanisme et de l'habitat au ministère de l'Habitat indique que ce parc ne représente que 8% du patrimoine immobilier. En Egypte, ce chiffre est de 39%, en Libye (32%) et en Mauritanie (94%). « La notion d'habitat précaire est intimement liée à l'insalubrité, à la délinquance, au chômage et à la prostitution », observe M. Abdelhamid Boudaoud, président du collège national des experts architectes (CNEA). Par contre, dans les pays développés, cette notion est plutôt liée au manque de confort (absence d'eau chaude, d'ascenseur, de bureau de poste, de toilettes privées). Ce genre d'habitat est estimé à 5,5% en Pologne et 5,8% en France sur la totalité du parc immobilier. M. Lakhdar Khaldoun, architecte spécialisé en aménagement du territoire, observe que ce problème est dû au développement fulgurant de la population urbaine. « Malgré le plan directeur d'aménagement urbain (PDAU) que les communes ont mis en place, rien n'a été respecté, donc il faut s'intéresser à la source du mal qui est le manque de conditions minimales de vie au niveau des campagnes », estime l'architecte. Pour endiguer ce phénomène dans la capitale, l'Etat a tracé un programme et dégagé une enveloppe de 9,9 milliards de dinars destinés à la construction de logements. Le dossier est ficelé au niveau du gouvernement, reste la collaboration des collectivités locales pour dégager des assiettes de terrains. Ainsi le programme de réalisation de logements au niveau de la wilaya d'Alger est estimé à 340.000 unités en cours de réalisation dont une partie a été livrée. En outre, il a été décidé d'un dispositif d'aide pour la réhabilitation des bâtisses à partir de cette année après le diagnostic des architectes, selon M. Aït Saâda. Pour le président du collège des experts architectes, il faut la conjugaison des responsables du ministère de l'Habitat, des citoyens structurés dans des associations pour venir à bout des bidonvilles. Comme solution, M. Larbi Khaldoun préconise aussi la diversification de l'offre de type de logements (promotionnel, social, logement social participatif (LSP, AADL) à des coûts raisonnables. « Cela requiert, a-t-il indiqué, le développement d'un programme pour la construction de logements avec des matériaux locaux comme le béton de terre stabilisé (BTS) ».