Il y a 54 ans (le 24 février 1956) - naissait l'UGTA, en pleine guerre de libération, avec l'objectif clairement déclaré de « mobiliser les travailleurs pour lutter contre le colonialisme et son injustice ». L'histoire du syndicalisme algérien se confond, alors, avec la lutte pour l'indépendance. Au début des années 50, déjà, le mouvement syndical national s'algérianise dans sa quasi-totalité et fonctionne comme une centrale indépendante, n'étant plus lié à la CGT française. L'autonomie du mouvement syndical algérien fut définitivement consacrée par sa participation au Congrès de la Fédération syndicale mondiale (FSM) qui s'est tenu en septembre 1953 à Vienne. Après avoir joué un rôle, sitôt l'indépendance acquise, dans l'effort de reconstruction du pays, l'UGTA s'implique dans une autre bataille, soutenant le gouvernement dans la politique de nationalisation des banques, des mines, des hydrocarbures. Mais l'UGTA n'a jamais caché son désir de mettre le travailleur au-dessus de toute considération. Lors de son 8e congrès, dans les années 90, les syndicalistes optent pour ce qu'ils appellent «une organisation syndicale forte à même de combattre les inégalités et la marginalisation et d'améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs. L'UGTA n'est plus seule, avec l'ouverture au multipartisme, introduit par la Constitution du 23 février 1989, le syndicalisme algérien s'offre une occasion de s'affirmer dans une vision pluraliste. Plusieurs syndicats voient alors le jour, dans le domaine de l'éducation, la santé, l'administration avec le SNAPAP (administration publique), le SATEF (éducation) CNES (enseignement supérieur), le Syndicat des paramédicaux, celui du personnel navigant.La crise a mis le premier syndicat algérien qui fut une organisation de masse du parti unique sur le devant de la scène. Sa résistance devant les licenciements de travailleurs, la compression d'effectifs, les restructurations – privatisations sauvages, les retards dans le paiement des salaires … lui vaut une assise nationale et une reconnaissance aussi au niveau du Bureau international du travail. De plus, l'UGTA paiera un lourd tribut à la résistance contre le terrorisme. Bien qu'il subisse de temps à autre la pression des coordinations locales, la centrale UGTA reste au-devant de la scène, en négociant les revalorisations salariales, en arrachant des acquis pour les retraités. Il sera l'interlocuteur privilégié des pouvoirs publics dans la discussion du pacte économique, de la finalisation des dossiers de la tripartite. Son implication dans les négociations de branches actuellement atteste encore de la vitalité d'une centrale qui reste consciente de la profondeur de la crise économique qui a des effets sur notre pays, sur l'emploi notamment Signe de bonne santé, l 'UGTA gère avec souplesse les mécontentements de sa base à cause des «ses positions dites timorées», comme en témoigne la dernière sortie des travailleurs de la zone industrielle de Rouïba, ceux de la SNVI plus exactement juste après la conclusion des accords de la tripartite en décembre dernier. Aujourd'hui, le syndicat est tenu de préserver certes les intérêts du pays qui sont les garants de ceux des travailleurs mais de rester intransigeants lorsque de mesures tendent à annihiler ces derniers. Car, il s'agit, par ricochet de préserver aussi sa crédibilité dans un paysage ouvert où les autres organisations sont prêtes à tout pour récupérer des places.