L'interdiction à un Etat indépendant le droit à l'enrichissement (d'uranium) relève d'un nouveau processus colonialiste. Le président syrien, Bachar Al-Assad, a reçu, jeudi, son homologue, Mahmoud Ahmadinedjad, dont le pays est menacé de nouvelles sanctions en raison de son programme nucléaire controversé, des représentants de dix mouvements palestiniens dont le chef du Hamas, Khaled Mechaal, Ahmad Jibril, secrétaire général du FPLP-Commandement général, Ziad Nakhala numéro deux du Jihad islamique, Fahd Sleimane du Front démocratique de libération de la Palestine et Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais. Du beau monde. Ces visites sonnent comme des fins de non-recevoir aux mises en garde de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, quelques jours à peine après l'envoi du nouvel ambassadeur américain en Syrie, le premier depuis février 2005. Clinton avait demandé, mercredi, à la Syrie de «s'éloigner de l'Iran» sous peine d'être marginalisée. Son porte-parole, Philip Crowley, qui s'est également prononcé sur la question, a laissé entendre que les Etats-Unis veulent voir la Syrie «jouer un rôle plus constructif dans la région», «cesser d'armer le mouvement chiite libanais Hezbollah», «coopérer davantage dans le dossier irakien» et «reprendre les pourparlers de paix avec Israël». Face à cette approche américaine qui rappelle la politique du bâton et de la carotte, le président Al-Assad se dit «étonné». Il estime que son pays ne souhaite pas que les autres lui «donnent de leçons sur les relations» dans la région dont «la stabilité dépend du renforcement des relations». Téhéran et Damas, qui ont réaffirmé l'importance de leur coopération bilatérale dans tous les domaines et à tous les niveaux, ont signé un accord sur la suppression des visas. Comme toute attente américaine, la Syrie a défendu le droit de l'Iran au nucléaire civil, estimant que «l'interdiction à un Etat indépendant le droit à l'enrichissement (d'uranium) relève d'un nouveau processus colonialiste dans la région», reformulé son appui à Hamas et au Hezbollah, estimant que «le soutien à la résistance est une obligation morale, patriotique et légale» et prévenu qu'elle est prête «à tout moment à faire face à une agression israélienne».