Sans surprise, le chef de l'Etat iranien a rejeté les propositions des grandes puissances sur le programme nucléaire de son pays, ouvrant la porte grande à la confrontation entre les deux parties. Outre le durcissement des sanctions, les Occidentaux passeront-ils à l'option militaire comme l'exige Israël ? “La nation iranienne ne cédera pas un pouce sur ses droits au nucléaire”, a répondu Mahmoud Ahmadinejad à l'offre des grandes puissances sur le nucléaire iranien qui expirait théoriquement samedi. Il n'a fait qu'emboîter le pas au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait déclaré mercredi : “Si nous faisons un pas en arrière, les puissances arrogantes avanceront d'autant.” En recevant, hier, son homologue syrien Bachar al-Assad, il a assuré que Téhéran souhaitait le dialogue avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, laissant la voie ouverte à la discussion. “Nous sommes sérieux dans nos discussions et nous voulons que ces discussions soient basées sur la loi afin de donner des résultats concrets. Nous espérons que les autres parties sont aussi sérieuses”, a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec le président syrien. Ce dernier avait été chargé, pour rappel, par le président français, lors de sa visite en France à la mi-juillet, de convaincre l'Iran d'apporter les preuves que son programme nucléaire est purement civil. Il semble en être convaincu si l'on en juge par sa réponse à la presse à Téhéran : “Quand nous étions en France, nous leur avons parlé de la position syrienne sur la question du nucléaire iranien, mais ils nous ont demandé des détails sur le programme iranien. Nous avons obtenu ces détails lors de cette visite, et si on nous les demande, nous connaissons maintenant la position de l'Iran.” La veille, il avait réitéré sa conviction que Téhéran n'a aucune intention de posséder l'arme nucléaire. Reste à savoir maintenant si cela suffira pour convaincre les Occidentaux et les Israéliens surtout, lesquels ne cessent de recourir à l'option militaire pour mettre fin au programme nucléaire iranien. Au vu des dernières mises en garde et menaces adressées au régime iranien pour répondre favorablement à leur offre, il ne fait aucun doute maintenant qu'Ahmadinejad y a opposé une fin de non-recevoir que la pression contre Téhéran ira crescendo. Il suffit de rappeler les déclarations de la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, pour s'en convaincre. En effet, elle avait averti vendredi que les Iraniens “vont au devant de conséquences négatives s'ils ne donnent pas une réponse positive à l'ensemble de nos très généreuses mesures incitatives, et cela pourrait être sous la forme de sanctions”. Pour rappel, l'offre des six grandes puissances contient des mesures de coopération économique et politique en échange de la suspension par Téhéran de ses activités d'enrichissement d'uranium. Elle prévoit avant cela une période de six semaines consacrée à un “double gel”, au cours de laquelle l'Iran s'engagerait à ne pas installer de nouvelles centrifugeuses pour l'enrichissement et les grandes puissances s'abstiendraient d'étudier de nouvelles sanctions contre Téhéran. K. ABDELKAMEL