Pour sa troisième visite officielle en Iran depuis 2005, le président syrien, Bachar Al Assad, n'est pas allé à Téhéran demander la suspension du programme nucléaire comme l'auraient souhaité l'Union européenne et les Etats-Unis. Avec son homologue, Mahmoud Ahmadinejad, le chef d'Etat syrien a abordé ce programme sans que cela soit l'essentiel de son déplacement à Téhéran. Damas a toujours défendu le droit de l'Iran à développer l'énergie atomique pacifique, récusant l'idée de la fabrication d'une bombe. Hier, Bachar Al Assad, qui a eu des entretiens avec le guide l'ayatollah Al Khamenei, a démenti jouer le rôle de médiateur entre l'Iran et les pays occidentaux sur le dossier nucléaire. « Je ne suis ni médiateur, ni envoyé, ni porteur de message d'un quelconque responsable occidental », a déclaré le président syrien. A la mi-juillet, le président français avait demandé au président syrien de convaincre l'Iran « d'apporter les preuves » que son programme nucléaire était civil et pas militaire. Selon les experts, Damas, qui retrouve un certain rôle diplomatique dans la région, tentera de rapprocher les points de vue entre l'Iran et les accusateurs occidentaux en vue de promouvoir le dialogue. Dialogue que le président iranien veut constructif et basé sur les principes de la légalité. Il s'est exprimé, hier, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue syrien, retransmise par Al Jazeera et les chaînes iraniennes. Selon lui, les négociations engagées à Genève avec les pays occidentaux relevaient d'un choix sérieux. « Les Iraniens ne renonceront jamais à leurs droits inaliénables à la technologie nucléaire à des fins pacifiques », a déclaré Mahmoud Ahmadinejad, repris par l'agence Irna. Le 17 juillet 2008, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Muallem, avait déclaré que son pays et l'Iran continueraient d'échanger des idées sur le nucléaire iranien après la visite à Damas de son homologue Manouchehr Mottaki. Damas entend d'abord bien comprendre la position de Téhéran sur le dossier nucléaire avant d'entamer des démarches politiques allant dans le sens de l'apaisement. Damas veut écouter d'autres points de vue que celui de la France qui, lui, est calqué sur la position américaine. Les puissances occidentales ont demandé à Téhéran la suspension de l'enrichissement de l'uranium en échange du gel des sanctions. C'est du moins ce qui a été décidé à Genève. Sur un autre chapitre, les négociations indirectes actuelles entre la Syrie et Israël sous médiation turque ne vont pas déteindre sur les relations avec l'Iran. Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que « l'Iran et la Syrie resteront toujours unis ». Manière de contrer les prévisions des observateurs relatives à un affaiblissement de cette alliance, partant du fait que Téhéran ne reconnaît pas l'existence d'Israël. « Ces personnes font indubitablement une erreur », a dit le président iranien. Damas et Téhéran sont liés par un accord militaire depuis 2006. Selon l'agence Irna, les deux responsables ont abordé dans leurs discussions les situations au Liban, en Territoires palestiniens et en Irak. Ahmadinejad a prédit un échec rapide des Etats-Unis en Irak, ce qui va l'obliger à quitter ce pays occupé depuis cinq ans. La Syrie et l'Iran partagent des frontières avec l'Irak. A Damas, Bouthayna Chaabane, conseillère politique et médiatique de Bachar Al Assad, a déclaré, citée par l'agence Sana, que la Syrie et l'Iran tenaient à l'unité de l'Irak, à la non-partition de ce pays, au retrait des forces étrangères et à la réalisation de la conciliation nationale entre les différentes parties du peuple irakien. Sur le plan bilatéral, la Syrie et l'Iran envisagent d'augmenter le volume de leurs échanges qui devra dépasser les deux milliards de dollars. Bouthayna Chaabane a qualifié les relations syro-iraniennes de « stratégiques et importantes pour la stabilité dans la région ».