19, 8 millions d'Irakiens se rendront aujourd'hui aux urnes, pour la seconde fois depuis la chute de Saddam Hussein. Ils choisiront sous haute sécurité, – 800.000 hommes, dont 300.000 policiers ont été placé d'alerte rouge-, dans les 19 circonscriptions parmi les 6 172 candidats dont 1.801 candidates présentés par quelque 300 partis et groupements politiques, leurs 325 députés dont 82 seront des femmes. Principaux enjeux de ce scrutin qu'Ahmed al-Safi, le représentant du Grand ayatollah Ali Sistani à Kerbala, qualifie de «question vitale». Si les Etats-Unis feront tout pour que ce scrutin débouche sur un régime plus représentatif et plus stable qui permettra le rapatriement des troupes dans les délais, l'Iran cherche déjà à accroître son influence sur ce pays voisin même si cette influence est contrée par un nationalisme irakien en construction. L'Arabie saoudite, la Turquie et la Syrie redoutent une implosion de leur «vulnérable» voisin tant les divisions ethniques, religieuses et politiques, sont fortes. Comme l'Iran, les trois veillent sur leurs propres intérêts. Ryad ferme les yeux sur le soutien de certaines fortunes du royaume à la guérilla sunnite. Ankara qui craint les aspirations de ses Kurdes, soutient la minorité turkmène du nord de l'Irak. Damas souligne « l'identité arabe » de l'Irak. « L'Etat irakien reste si faible, sa souveraineté si perméable et sa classe politique si divisée que c'en est presque une invitation à l'ingérence» souligne l'International Crisis Group (ICG). Les sunnites (20% des 28 millions de la population) qui ont boycotté les législatives de 2005, voyaient ce scrutin comme une occasion de retrouver une partie de leur influence perdue. Avec l'exclusion de 440 de leurs candidats pour lien avec l'ancien parti Baas de Saddam et une campagne menée sur fond d'assassinats et d'intimidation, ils se rendent à l'évidence : la victoire de partis chiites extrémistes qui ont tout fait pour les tenir à l'écart du pouvoir, est quasiment «inévitable». «Si les sunnites pensent que leurs droits ont été volés, cela pourrait conduire à des violences confessionnelles » prévient le premier gouverneur adjoint de la province d'Anbar, Hikmat Jasim Zaidan. Pessimisme que ne partage pas le vice-président irakien Tarek al-Hachemi en invitant ses compatriotes à réaliser que «l'heure du changement est venue». L'ex-Premier ministre Iyad Allaoui, estime que son pays est arrivé à un «tournant décisif» pour imposer sa présence au sein de l'arène internationale. Aux côtés des Iraniens ou des pays du Golfe ? Probablement des premiers. Ahmed Chalabi, 65 ans, qui a été présenté par Washington comme le successeur de Saddam Hussein, a mis son appartenance chiite en avant dans sa campagne au nom de l'Alliance nationale irakienne, une coalition regroupant les partisans de l'imam chiite Moqtada al-Sadr, soutenu par l'Iran, et ceux du Conseil suprême islamique d'Irak. Les Irakiens qui ont vu pour la première fois des candidats faire campagne à visage découvert, malgré les attentats suicides et Al-Qaïda qui a « proclamé» un «couvre-feu» de six heures du matin à six heures du soir, dans tout l'Irak et en particulier dans les zones sunnites», espèrent voir leur pays qui est à six mois du retrait des troupes Américaines, sortir de sept années de conflits communautaires. Les analystes se demandent si la formation du prochain gouvernement que dirigera probablement le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki qui est sûr d'avoir une large avance sur ses principaux rivaux (Adel Abdel Mahdi, Baqer Jaber Solagh, Iyad Allawi et Ahmed Chalabi) peut être même une majorité absolue avec 163 sièges, mettra « cinq mois » comme celui qui a émergé des élections de janvier 2005. «Le processus risque de prendre des mois et la période de transition pourrait être dangereuse » prévient Washington.