Mme Flora Boubergout est en colère. Et pour cause, depuis la création de son association «El-Baraka» d'aide aux personnes handicapées, il y a une dizaine d'année, les lois promulguées censées protéger les handicapés sont loin d'être appliquées sur le terrain. A l'occasion de la journée nationale des l'handicapés, elle sort de sa réserve pour dire tout haut ce qu'elle pense. En 10 ans sur le terrain, quel bilan faites-vous concernant la prise en charge de la personne handicapée ? C'est un bilan très négatif par rapport à la place réservée à l'handicapé dans notre société. Pour commencer, je dirais que presque rien n'est fait pour que cette frange puisse se mouvoir aisément. L'accessibilité est inexistante pour que la personne handicapée se sente autonome. Il y a tout un arsenal de lois et décrets pour sa prise en charge. Mais sur le terrain on ne voit rien. S'agissant du travail, où il est exigé des sociétés et entreprises de recruter 1% des handicapés, on notera que les employeurs qui ont respecté cette loi se comptent sur le bout des doigts. A côté de cela, on compte des milliers d'handicapés formés, diplômés aptes à travailler mais touchés par le chômage. En tant qu'association, on demande à ce que cette loi soit appliquée dans toute sa rigueur si demain, on ne voudrait pas que la personne handicapée soit une charge pour l'Etat. Que préconisez-vous pour les handicapés lourds qui doivent dépendre tout le temps d'une tierce personne ? L'Etat a la charge de former des auxiliaires de vie comme cela se fait sous d'autres cieux, pour assister, à domicile, ces personnes dépendantes chose qui n'a pas, encore, vu le jour. En outre, l'Etat doit faire un effort pour que le fauteuil roulant donné tous les 5 ans soit ramené à 2 ans afin les écolières et les étudiantes, notamment, puissent se déplacer normalement. Vu l'état des routes et des trottoirs, la durée de vie du fauteuil roulant ne dépasse guère une année. Profiteriez-vous de cette journée pour demander l'augmentation de la pension allouée aux handicapés ? Je vous réponds en premier par cette question : la somme de 4000 dinars suffit- elle à couvrir tous les besoins d'une personne handicapée? Vu la cherté de la vie et les différentes dépenses mensuelles, moi je demande que cette pension soit réajustée au même niveau que le Smig. Je profiterais, également, pour soulever l'inexistence de transport adapté aux personnes handicapées. Même le taxi refuse de transporter un handicapé faute de place adéquate dans la malle pour le fauteuil. Avec tous ces problèmes, comment voulez-vous que les personnes handicapées soient autonomes ?