Une réputation hélas renforcée par l'absence de structures similaires. Même avec l'agencement de services orthopédiques dans plusieurs structures sanitaires comme à Constantine et Oran, la rééducation avec un service entier d'appareillage reste confiné dans cette seule structure. Les provenances des malades hospitalisés attestent de cette réalité. Mohamed, 11 ans, est originaire de Laghouat. Suite à un accident de la circulation, Mohamed alors âgé de 11 mois a reçu le choc au niveau de son dos. Après une hospitalisation d'un mois à l'hôpital Mustapha Pacha et 4 années de rééducation à l'hôpital de Ghardaïa, le voilà depuis 2 mois à Tixeraine. Son hospitalisation dans cette structure, lui a permis de redresser son dos environ 50 %. Son boitement a littéralement courbé son dos l'empêchant de se mettre debout ou de marcher. En dépit d'un retard dans sa scolarité, Mohamed grâce au programme de scolarisation des hospitalisés, suit son enseignement. Il est en 4 ème année primaire. Sonia est une autre handicapée parmi les 16 enfants hospitalisés au Pavillon A, qui suit une rééducation pour retrouver la fonctionnalité de ses membres inférieurs et supérieurs. Suite à une inhalation de gaz carbonique Sonia, une jeune sahraouie âgée de 9 ans venue du camp des réfugiés du 27 février de Tindouf, a, depuis son hospitalisation dans cette structure il y a de cela 20 jours, vu sa situation s'améliorer. « À son hospitalisation, elle ne parlait pas, aujourd'hui elle a retrouvé l'usage de la parole et ses membres commencent à réagir » dira sa maman, confiante. Un adage dit « on ne naît pas handicapé, on le devient ». Un proverbe qui sied parfaitement au jeune Moussa. Originaire du quartier de Bab El Oued, Moussa 17 ans, a vu sa vie basculer en un coup de vent. Les rafales qui ont balayé le Nord du pays au mois de novembre 2009 ont arraché un arbre sous lequel Moussa et deux de ses amis étaient assis. L'un d'eux, Mohamed 18 ans, est mort sur le coup et Moussa recevra le tronc d'arbre sur son dos. Une première intervention est effectuée à l'hôpital Lamine-Debaghine (ex-Maillot) où il passa 6 mois en rééducation. Allongé sur son lit exposé au soleil en cette belle journée printanière du 10 mars, Moussa nous confie qu'il ressent un « léger mieux depuis mon admission dans cette structure ». Au Pavillon C, destiné aux paraplégiques, les handicaps les plus lourds, regroupe 24 personnes placées dans trois salles de huit lits chacune. Même s'il n'y a pas de guérison, la rééducation est suivie avec rigueur pour leur éviter des complications. Là aussi, les malades viennent des différentes régions du pays. Farouk 33 ans, est devenu paraplégique le 31 octobre 1996 en tombant d'un olivier. Le ramassage des olives lui a été fatal, pour toute sa vie. Après deux mois d'hospitalisation à Constantine, Farouk se traite à Tixeraine depuis le 15 décembre 1996. Depuis cette date, il ne quitte l'hôpital que pour rejoindre sa chambre au centre pour personnes âgées de Sidi Moussa. Ses parents venus depuis son accident s'installer à Alger ne peuvent le recevoir dans leur exigu logis loué à Bouzaréah. Farouk conscient de la non rémission de son handicap, s'inquiète pour la complication de son cas notamment, l'insuffisance rénale fréquente dans ce cas d'handicap. En 2003 Farouk a subi trois séances d'hémodialyse à l'hôpital Mustapha. Un des reins présente trois calculs. Farouk affiche une grande inquiétude mais l'espoir reste permis avec l'attente d'une éventuelle prise en charge. Dans le Pavillon B accueille des hémiplégiques et des amputés. La satisfaction d'avoir eu une place dans cette structure est visible et manifestée par plus d'un. Ammi Sellah Ahmed 68 ans est victime d'un pic de tension artérielle il y a quatre mois qui lui a provoqué une hémiplégie. «Il m'a fallu une attente de trois mois, pour pouvoir venir ici» dira Ammi Ahmed d'Alger. « C'est un hôpital connu dans la région pour la qualité de la prise en charge et le sérieux de son personnel» dira- t- il. Avant d'écraser une larme, il évoque l'abnégation de ces hommes en blanc qui viennent le « laver, retirer ses saletés et qui restent très mal payés » précisera- t- il. Un autre hémiplégique de 57 ans originaire de Bordj Ménaiel suit sa rééducation depuis 22 ans. « A chaque séance, je sens une amélioration de mon état de santé. Même les prothèse sont conçues à partir d'une matière qui s'adapte à la peau et ne l'irrite pas » explique notre interlocuteur. Allongé sur son lit, Boualem de Bouira, âgé de 45 ans, a été victime d'un accident de travail. Le 23 mai 2007 sur un chantier de Cosider, notre handicapé est touché par un tuyau qui entailla sa jambe. Il est évacué sur Tizi Ouzou puis transféré sur l'hôpital Mustapha avant d'atterrir à Ben Aknoun et re-envoyé à Bouira où il subira une inertenvion le 24 mai. Invalide à 75 %, Boualem perçoit 10 000 DA par mois. Son hospitalisation à Tixeraine lui permet d'avoir une prothèse et de s'initier à son utilisation. Ces malades semblent satisfaits de la prise en charge médicale dans un milieu qu'ils qualifient de «convivial et où le personnel est dévoué». Le seul hic : l'interdiction de faire rentrer la nourriture. Car, ils dînent vers 18 heures, «trop tôt et même repas pour l'ensemble des malades y compris les diabétiques et les hypertendus». Des repas personnalisés, selon la maladie, sont vivement souhaités.