L'Union africaine qui depuis le sommet d'Alger de 1999, condamne les putschs, rejette les changements anticonstitutionnels de gouvernement et exige la restauration de l'ordre constitutionnel dans les meilleurs délais, pourrait avoir sous peu du pain sur les planches : le temps des coups d'Etat, même si ci certains comme le renversement « en douceur » de Mamadou Tandja, le 18 février dernier, au Niger, a été accueilli dans la liesse par l'opposition et la population, ne semble pas encore révolu. «Si ça continue comme ça, on va au coup d'Etat avant la fin de l'année. Un coup d'Etat à la nigérienne» affirme André Mba Obame, le rival malheureux d'Ali Bongo Ondimba au scrutin présidentiel du 30 août 2009, au Gabon. Comme pour prouver que ce putsch est incontournable, il annonce que l'opposition qu'il dirige présentera aux législatives de l'an prochain, un candidat pour chacun des 120 sièges à pourvoir et qu'elle discute déjà d'un accord de gouvernement. Après ces propos « graves et tendancieux », Libreville a exprimé sa « profonde indignation » et mis en garde contre toute « atteinte à la sécurité » dans un communiqué du Conseil des ministres. « Des instructions ont été données aux ministres concernés pour que tout individu, seul ou en groupe, instigateur, organisateur, auteur ou complice, de toute atteinte à la sécurité des Gabonais et des Gabonaises, à celles de leurs biens ainsi qu'à l'encontre de tous les non-nationaux en séjour ou de passage au Gabon, soit mis hors d'état de nuire, conformément à la loi » poursuit le communiqué. En Centrafrique, le gouvernement du président, François Bozizé annonce avoir déjoué un projet de coup d'Etat qui devrait se dérouler du 16 au 20 mars 2010. Selon Jules Bernard Ouandé, le ministre de la Sécurité nationale, plusieurs militaires et personnalités politiques sont impliqués. Mis en cause l'ex-président Ange Félix Patassé réfute toute implication. Candidat annoncée à l'élection présidentielle du 25 avril prochain, il assure qu'il gagnera par les « urnes » devant François Bozizé qui l'a renversé le 15 mars 2003. Dans l'archipel comorien, l'opposition au président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi dénonce depuis le 1er mars dernier un « coup d'État rampant »: contre toute attente, le Congrès a fixé les élections de président et de gouverneurs des îles de l'archipel au 27 novembre 2011. Soit une prolongation de 18 mois du mandat du Président qui devait initialement s'achever le 26 mai 2010. Depuis la tension est vive sur l'île de Mohéli, à laquelle doit revenir, pour le prochain mandat, la présidence tournante de l'archipel et l'Union africaine appelle à un « règlement consensuel des questions institutionnelles». Ces « exemples » après le Madagascar, la Guinée, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie etc.…. font dire à certains analystes qu'il y' a un reflux démocratique en Afrique. Selon eux, les coups d'Etat sont une «constante» de la réalité du Continent même si celle-ci a été mise en veilleuse par le vent de démocratie qui a soufflé sur le monde après la chute du Mur de Berlin. Certes, entre 1960 et 1990, l'Afrique a connu plus de 260 coups d'Etat ou tentatives de putschs, mais elle n'a vécu qu'une trentaine seulement de 1990 à 2007. Autrement dit, le risque est loin d'être égal à zéro même si le président rwandais Paul Kagame a accusé mercredi dernier deux officiers rwandais de haut rang, de tenter de déstabiliser le pays est convaincu que « personne, pas une seule personne, ne peut faire un coup d'Etat ici ».