Le signataire des accords d'Evian, Krim Belkacem, à qui on a rendu hier un vibrant hommage au forum d'El Moudjahid, « était un grand homme », a affirmé sa veuve, Fatima Krim née Guemmar. « Il s'est complètement sacrifié pour le pays », dit-elle. Né le 15 septembre 1922 à Draâ El Mizan à Tizi Ouzou, Krim fréquente l'école Sarrouy à la Casbah d'Alger où il a obtenu le certificat d'études. Tombé malade, il n'a pu passer le concours pour poursuivre sa scolarité. Le jeune homme se retrouve mobilisé en 1943 sur le front français dans le 1er Régiment des tirailleurs algériens où il a été promu caporal-chef. Démobilisé en octobre 1945, Krim Belkacem retournevivre à Draâ El Mizan et adhère au Parti populaire algérien (PPA). Les autorités françaises se rendant compte de son influence sur la population le convoquent le 23 mars 1947 pour « atteinte à la souveraineté de l'Etat ». Avec l'aval du PPA, il prend le maquis sous le pseudonyme de Si Rabah. En 1947 et 1950, il est jugé pour différents attentats contre des collabos et condamné à mort par contumace. Il est nommé responsable du PPA/MTLD pour toute la Kabylie. Le 9 juin 1954, Krim rencontre à Alger Mustapha Ben Boulaïd, puis Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche, qui parviennent à le convaincre de la nécessité d'une troisième force nationaliste. Il passe alors un accord avec les cinq responsables du groupe des 22 et rompt avec Messali El Hadj en août 1954. Devenu le sixième membre de la direction intérieure du Front de libération nationale (FLN), il devient le responsable de la zone de la wilaya III historique (Kabylie) au moment du déclenchement de la révolution, le 1er novembre 1954. Au lendemain du congrès de la Soummam en 1956, il s'installe à Alger mais continue à suivre le fonctionnement de sa wilaya. Après l'arrestation de Larbi Ben M'hidi, il quitte précipitamment la capitale le 5 mars 1957 et rejoint secrètement la Tunisie. Krim Belkacem devient vice-président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) et ministre des Forces armées en 1958-1959, ministre des Affaires étrangères en 1960, de l'Intérieur en 1961. Avec ses six camarades, il entame les négociations des accords d'Evian et obtient l'honneur de les signer pour la partie algérienne. Au lendemain de l'indépendance, il se retrouve écarté de la vie politique, se consacre aux affaires et s'installe un moment en France. En 1965, il revient en politique dans l'opposition. Exilé à Frankfurt, il y est assassiné le 18 octobre 1970. Depuis le 24 octobre 1984, le défunt repose au carré des martyrs à El Alia. Sa veuve et ses enfants ont été honorés à la fin de la rencontre. Sa plus jeune fille Kaoutar a affirmé qu'il a été condamné à mort cinq fois (avant et après l'indépendance). « Comme ce n'était pas un homme de compromis, il a continué son combat », a-t-elle dit.