Maquisard infatigable et stratège redoutable, Krim Belkacem a le mérite d'avoir mené une guerre et signé la paix. Intervenant hier en marge du forum du journal El Moudjahid, la fille de Krim Belkacem, l'un des six chefs de la Révolution algérienne et signataire des Accords d'Evian, a révélé que son père a été assassiné à cause de ses idées. «Mon père voulait un Etat démocratique, libéral et pluraliste. Tout son combat était pour l'instauration d' une véritable démocratie et c'est pour cela qu'il a été assassiné pour ses idées», a déclaré Mme Karima Khoudir-Krim, hier lors de cette rencontre organisée à l'occasion de la célébration du 19 Mars, Journée nationale de la victoire et des accords d'Evian. «Mon père n'était pas un homme de compromis, il ne voulait que l'indépendance du pays», a-t-elle ajouté. Interrogée au sujet du film qui devait être réalisé sur la vie et le parcours de son père, la fille de Krim Belkacem a indiqué qu'elle n'a jamais été consultée pour cela. Elle a également ajouté que «nous ne sommes pas au courant, nous ne connaissons pas le contenu de ce film. Les réalisateurs ne nous ont pas informés». Et d'affirmer: «Si ce film a été bloqué au niveau du ministère de la Culture c'est parce qu'il apporte des vérités qui dérangent et des choses inédites.» La fille de Krim a regretté également, le fait que la commémoration de la Journée nationale de la victoire passe inaperçue depuis des années. Il est également regrettable de signaler que, plusieurs personnes, qui ont vécu avec le révolutionnaire Krim Belkacem, n'ont pas eu la possibilité de s'exprimer lors de la même occasion. Krim Belkacem est né le 14 septembre 1922 à Aït Yahia Moussa dans la daïra de Draâ El Mizan, en Grande-Kabylie. Il a été assassiné le 18 octobre 1970 dans une chambre d'hôtel à Francfort en Allemagne. Les auteurs de l'assassinat du Lion du djebel, comme le surnomment les historiens, n'ont jamais été connus et les circonstances de l'assassinat non élucidées à ce jour. Krim Belkacem a adhéré au PPA et commence à implanter des cellules clandestines dans douze villages autour de Draâ El Mizan. Les autorités françaises se rendant compte de son influence sur la population, le condamnent le 23 mars 1947 pour «atteinte à la souveraineté de l'Etat». Après avoir pris l'avis du PPA, il prend le maquis (sous le pseudonyme de Si Rabah) avec Moh Nachid, Mohand Talah, Messaoud Ben Arab. Des menaces et des mesures de rétorsion sont exercées sur son père qui refuse de livrer son fils. En représailles, il dresse une embuscade contre le caïd (son propre cousin) et le garde-champêtre. Ce dernier est tué. En 1947 et 1950 il est jugé pour différents meurtres et condamné à mort par contumace par les autorités coloniales. Il devient responsable du PPA-Mtld pour toute la Kabylie. Il multiplie les contacts directs avec les militants et la population et réussit à entraîner au moins 500 éléments dans son maquis à la veille de l'insurrection de Novembre 1954. Maquisard infatigable et stratège redoutable, Krim Belkacem a le mérite d'avoir mené une guerre et signé la paix.