Pourquoi parler aujourd'hui de nécessité de restructurer la filière agroalimentaire ? La question est posée ainsi depuis des années, mais sa prise en charge institutionnelle semble aujourd'hui formulée dans le cadre du projet d'intégration nationale. Et la question, à ce propos est toute simple, l'agroalimentaire représente 50% du PIB industriel et mérite, par conséquent, toutes les attentions, surtout celle qui pourrait le sortir de l'impasse structurelle dans laquelle il se trouve depuis des années. En fait, le secteur de l'agroalimentaire a connu, des années durant, un développement extensif spectaculaire avec un réseau d'entreprises activant dans ce domaine qui confère une densité à certaines activités au point que beaucoup d'opérateurs parlent de véritable saturation de nombreux créneaux. Un problème auquel s'ajoute l'avènement, depuis quelques années déjà, d'une concurrence très intense, et souvent déloyale, exercée via l'importation et en prolongement de cette dernière, à travers le commerce informel. Si les entreprises activant dans l'agroalimentaire ne tombent pas comme des mouches du fait d'un environnement qui ne leur est pas favorable, c'est parce qu'elles ont réussi, pour la plupart, à se redimensionner, du point de vue de la production et de la masse salariale, en fonction des contraintes du marché, d'autant que de nombreux opérateurs du secteur ont investi, pour ne pas faire qu'en subir les inconvénients, le créneau porteur de l'importation ; une activité qui venait en complément de la production, contrebalancer la baisse du chiffre d'affaires. Si, en revanche, certains opérateurs sont très à l'aise sur le marché, c'est surtout parce que leur grande dimension et leur capacité de production les mettent, pour le moment, à l'abri de la concurrence ; cela ne signifie pas pour autant qu'ils soient dispensés des effets négatifs de la structuration actuelle du secteur. Au-delà des problèmes conjoncturels, au demeurant sérieux, que posaient les mutations économiques de l'Algérie au secteur agroalimentaire, des questions structurelles endogènes au secteur, mais également en relation avec l'environnement économique et scientifique, s'imposaient sur le long terme, comme un enjeu sine qua non de développement, sans lesquelles aucun avenir n'est envisageable pour l'agroalimentaire algérien. Il est, en effet, très difficile, d'envisager l'agroalimentaire de demain sans envisager à la fois son développement vertical, dans le sens de l'intégration de plus d'activités dans le processus de production, et sans l'établissement d'une passerelle, via la recherche et le développement, entre l'agroalimentaire et l'agriculture. Une issue qui est d'ailleurs salvatrice pour les trois, ouvrant des voies de développement à l'agriculture, une opportunité de grandes applications du savoir scientifique et de la recherche à la fois dans l'agroalimentaire et l'agriculture, et une prospérité à vases-communicants entre l'industrie et le monde agricole.