Photo : Slimene S. A. «Cantonnées» dans des appartements F1 depuis neuf ans, les familles habitant dans les 90 logements de Hadjout viennent, en ultime recours, de s'adresser par une lettre au président de la république pour les extraire d'une promiscuité étouffante. «Avant de s'adresser au président de la république nous avons frappé à toutes les portes des administrations locales mais hélas aucune suite n'a été donnée à nos sollicitations. Le cauchemar continue» lâche Kader, un locataire. «Et pourtant, renchérit son voisin, lorsque nous avions bénéficié en 2001 de ces F1, les autorités d'alors nous avaient promis à l'époque que dès que le prochain programme de distribution de logements sociaux serait prêt, nous y serons tous relogés, sans exception». Les 90 logements F1 dont il est question sont situés dans la partie sud ouest de la ville de Hadjout en allant vers la commune de Meurad. Ne disposant pas de balcons, ils sont répartis dans trois bâtiments à raison de 6 appartements F1 par palier. «En moyenne, chaque famille habitant ces logements est composée de 4 à 6 personnes. Pour que chaque membre de la famille donc trouve place dans le studio, nous nous sommes privés de beaucoup de commodités et de meubles. Moi par exemple, je n'ai pas de lit sur quoi dormir je me contente d'un matelas par terre» confiera Kader. Et ce n'est pas tout ! «Tous les locataires ont recouru à des modifications à l'intérieur de leur maison pour «gagner» quelques centimètres de plus» fera savoir Lyes un autre locataire qui, ne pouvant pas «tenir tête à la promiscuité» a opté pour une solution radicale. En effet, raconte-t-il : «voyant que la situation est restée telle quelle depuis 9 ans, j'ai malheureusement décidé de ne pas avoir un deuxième enfant. Car je ne veux pas qu'il souffre autant que nous. C'est malheureux de le dire mais c'est comme ça, je n'ai pas le choix». Sur ces entrefaits, une femme ne pouvant plus résister à la promiscuité, craque et ouvre la porte de son studio. «Désolée de vous interrompre je n'ai pas pu me retenir en vous entendant parler de notre marasme. Venez, entrez voir comment nous vivons. Mon fils âgé de 21 ans n'habite plus chez nous faute d'espace, il loge chez son oncle. Mon mari et mon autre enfant qui a six ans, et moi-même, sommes tous malades. Je ne peux plus lutter contre l'humidité» se plaint-elle. En effet, dès qu'on ouvre la porte on entre directement dans l'unique chambre du studio qui fait également office de salle de séjour. La cuisine quant à elle a été transformée en une petite chambre. «Ainsi, le studio transformé, nous avons pu libérer un second espace, certes très petit mais il sert de chambre à coucher. La cuisine par contre a pris la place de la douche qui a été tout simplement supprimée. Alors pour se laver, soit on se rend au hammam public ou on utilise les toilettes» explique un des voisins de la femme. A en croire tous nos interlocuteurs, c'est l'ensemble des locataires qui a recours à ce système. «Le moindre espace est exploité, même les paliers et les espaces communs servent à entreposer des affaires» fait remarquer un autre locataire. Et d'ajouter : «même les articles électroménagers et autres meubles nous les sélectionnons selon des paramètres stricts. On opte toujours pour les articles petit format, c'est devenu un réflexe». En outre, les locataires souffrent d'un autre problème. Leurs studios ne sont pas alimentés en gaz de ville. Et pourtant l'installation externe existe. «Lorsque les agents de la Sonelgaz sont venus pour procéder au branchement, ils n'ont pas pu accomplir leur mission, vu les modifications de nos appartements, disant ne prendre aucun risque.