«Les élections, législatives, régionales et présidentielle, auront lieu aux dates prévues, du 11 au 13 avril» déclare Abdallah Ahmed Abdallah, le numéro deux de la commission électorale. Les partis d'opposition, dont l'Oumma, le vainqueur des législatives multipartites en 1986, qui avaient conditionné leur participation à ce scrutin par son report à la première semaine du mois de mai, vont-ils opter pour un boycott général ? Fort possible. Le parti Oumma, dont le gouvernement a été renversé en 1989 par Omar Hassan el-Béchir, l'actuel président, a proposé vendredi une révision de sa position si d'ici mardi prochain les autorités s'engagent à repousser le scrutin à la première semaine de mai et répondent favorablement à une feuille de route. Selon Sarah Nugdalla, un membre du bureau politique de l'Oumma, « huit conditions, partagées par les autres partis de l'opposition, doivent être remplies d'ici le 6 avril. Si ces conditions ne sont pas remplies, l'Oumma boycottera tout le processus des élections». Parmi ces conditions, il cite la levée des lois sécuritaires, l'accès équitable aux médias d'Etat, la mise en place d'une instance indépendante chargée de superviser la Commission nationale électorale et des engagements pour qu'un représentant du Darfour, obtienne un poste à la présidence. Certains partis, comme le Parti Unioniste Démocrate qui a terminé deuxième en 1986 et le Mouvement populaire de libération du Soudan de Yasser Arman, qui a fait figure de principal rival du président Omar el-Béchir avant son retrait, pourraient revoir leur participation aux législatives et régionales, d'ici mardi prochain. Ces retraits pourraient semer le doute sur l'équité de cette première élection multipartite, entacher les victoires inévitables du Congrès national et de son président el-Bachir et peser lourdement sur le référendum de janvier 2011 où la question de l'indépendance du Sud Soudan, sera posée. Une indépendance souhaitée par les Occidentaux. Elle signifie, pour eux, la création, aux portes de Khartoum, d'un Etat allié chrétien aux Occidentaux et …aux Israéliens. Les Etats-Unis, principaux parrains des accords de paix de 2005, soutiennent le maintien de la date du scrutin, même s'ils estiment que les préoccupations de l'opposition sont légitimes. Scott Gration, leur représentant qui a essayé vainement d'obtenir ce délai de quatre semaines, multiplie ses rendez-vous à Khartoum pour sauver un scrutin miné par des accusations de fraude «anticipées». Objectifs : aider Pouvoir-Opposition à mettre fin à leurs différends pour «de bâtir des institutions suffisamment légitimes et crédibles pour pouvoir gouverner tout le Soudan». «La commission électorale a fait un travail sérieux. Les procédures et processus mis en place assureront une transparence. La population aura accès à des centres et ses votes seront comptés de la meilleure façon possible. Elle m'a fourni plusieurs informations me donnant confiance que les élections vont commencer à la date prévue et seront aussi libres et justes que possible» affirme Gration avant de se rendre à Doha pour «suivre» les pourparlers entre les groupes rebelles du Darfour et les autorités soudanaises, sous les auspices de Djibril Bassolé, le négociateur en chef de l'ONU et de l'Union africaine.