La Fondation Carter, de l'ancien président américain Jimmy Carter, avait dit constater «une série de retards» et de «changements dans les procédures concernant les bureaux de vote». La commission électorale soudanaise a rejeté lundi la suggestion d'un léger report des élections nationales d'avril, le président Omar El Bechir menaçant les observateurs internationaux d'expulsion en cas d'interférence dans la politique du pays. «La fondation Carter se fonde sur des informations erronées qui ne proviennent pas de nous (...). La diffusion de ces informations peut avoir un impact négatif sur le processus électoral», a déclaré à la presse Abdallah Ahmed Abdallah, numéro deux de la commission électorale soudanaise. «Les élections auront bien lieu le 11 avril», a-t-il poursuivi. La semaine passée, la fondation Carter, créée par l'ancien président américain Jimmy Carter, avait dit constater «une série de retards» et de «changements dans les procédures concernant les bureaux de vote», ce qui pourraient contraindre à «un léger report» du scrutin prévu du 11 au 13 avril. Cette fondation a reçu l'autorisation du pouvoir d'observer le processus électoral au Soudan, plus grand pays d'Afrique peuplé de 40 millions d'habitants. La Commission européenne a aussi mandaté une mission d'observation. Mais dans un discours lundi devant des militants à Port-Soudan (est), le président Omar El Bechir les a mis en garde. «Nous avons accepté la venue d'observateurs étrangers pour les élections. Mais s'ils demandent à ce que le scrutin soit reporté, nous allons les expulser», a-t-il dit dans cette allocution retransmise par une chaîne de télévision privée. «Nous attendons des observateurs qu'ils disent si les élections sont libres et justes, mais s'ils interviennent dans nos affaires, alors nous allons leur couper les doigts et les écraser sous nos chaussures», a-t-il souligné. Des partis d'opposition soudanais ont eux aussi demandé le report des élections à novembre, alors que l'organisation Human Rights Watch (HRW), faisant état de cas de «répression», a affirmé que le climat politique n'était pas propice à la tenue d'élections «libres» et «crédibles». Les élections - législatives, régionales et présidentielle - d'avril sont l'un des points clés de l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, du Soudan. Il doit s'agir des premières élections multipartites depuis 1986 au Soudan et d'un test électoral pour le président Omar El Bechir, arrivé au pouvoir en juin 1989 à la faveur d'un coup d'Etat militaire et sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis mars 2009.