Photo : Slimene S.A «Abane Ramdane et Zighoud Youcef sont deux faces de la même médaille», se sont accordés à dire les participants à la conférence-témoignage organisée par l'association Machaâl Echahid, en hommage à ces deux hommes à l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 20 Août 1955 et du 20 Août 1956. Le premier à prendre la parole, le compagnon de lutte de Zighoud Youcef, le moudjahid Brahim Chibout, a souligné que «le personnage est lengendaire». Zighoud est né orphelin et a grandi chez ses oncles. Dès son jeune âge, il a fait preuve d'un éveil politique exemplaire, au point d'être chargé, par Mohamed Boudiaf, de mettre au point l'Organisation secrète (OS) dans la région Est. Présenté comme un combattant «chevaleresque» qui forçait le «respect» de ses ennemis qui ont eu à l'affronter, Zighout Youcef marquera toute une génération de combattants, tout comme il a donné à la Wilaya II un style de commandement tout à fait particulier. « C'est grâce à lui que cette wilaya a échappé aux terribles purges qui ont gangrené les maquis à partir de la fin 1958». Même pendant son incarcération dans les différentes prisons, il a été très actif au service de l'Algérie. «Zighoud a mis fin au tribalisme dans le Constantinois pour instaurer le patriotisme au sein des Algériens», a-t-il témoigné. A la fin de son intervention, M. Chibout n'a pas manqué de déplorer la situation lamentable que vit la veuve de Zighoud ainsi que sa seule fille. En éclatant en sanglots, il a déclaré : «Allah Irahmek ya si Zighoud» (Que Dieu ait ton âme Zighoud). De son côté, le professeur Abdelmadjid Chikhi, le directeur des Archives nationales, s'est penché sur le côté de l'écriture de l'histoire. «Les historiens algériens doivent être en contact permanent avec le Centre national des archives car il y a des vérités qu'il faut dire et surtout veiller à l'authenticité des faits». Le directeur des Archives nationales s'est désolé sur les écrits de certains organes de presse qui s'intéressent uniquement à certains détails négatifs de la guerre de libération. Pour le moudjahid Abdelhafid Amokrane, les événements de 1955 et de 1956 n'ont pas uniquement eu un impact sur la guerre de libération mais sur le continent africain, notamment sur les pays de l'Afrique du Nord. «C'est grâce à la guerre de libération nationale que le Maroc, tout comme la Tunisie ont eu leur indépendance». Le congrès de la Soummam le 20 août 1956, dont Abane Ramdane a été l'architecte, devait se dérouler quelques semaines avant dans la localité de «Qalaâ Beni Abbès» dans la wilaya de Bejaia qui a connu l'insurrection de 1871 d'El Hadj Mohamed El Mokrani. La mèche a été vendue et « le colonel Amirouche avait averti Abane Ramdane sur la nécessité de changer de lieu et de reporter la grande réunion». Effectivement 48 heures après, toute la localité de «Qalaâ Beni Abbès» a été ravagée par l'aviation française. Abdelhafid Amokrane a parlé également des préparatifs du congrès de la Soummam, son architecte. «Le congrès de la Soummam est l'une des plus grandes assises qu'a connues le monde entier à cette époque. Sa réussite politique et militaire a fait de lui un congrès légendaire ».