Le film « Hors la loi » de Rachid Bouchareb, qui représentera l'Algérie au prochain Festival de Cannes, est décrié par le député UMP des Alpes-Maritimes, rejoint par un autre de la même formation politique, suivi par les appels lancés par des associations extrémistes projetant de perturber le Festival en protestation contre la sélection de ce film. Face à cette hystérie, « des historiens et des créateurs français ont estimé que la campagne menée actuellement par des milieux nostalgiques de la colonisation vise à faire obstacle à la liberté de création et à la nécessaire reconnaissance du passé colonial de la France ». Ces historiens, dont Pascal Blanchard, Gilles Manceron, Jean-Pierre Peyroulou, Benjamin Stora, Mohamed Harbi, la réalisatrice Yasmina Adi, ont estimé que ces réactions sont « un symptôme du retour en force de la bonne conscience coloniale dans certains secteurs de la société française ». Ils rappellent que, « fruit d'une coproduction franco-algéro-tuniso-italo-belge, ce film est d'abord une œuvre libre qui ne saurait se réduire à une nationalité, ni à un message politique et encore moins à une vision officielle de l'histoire », soulignant que « le travail d'un réalisateur n'a pas à être jugé par l'Etat ». Les auteurs du texte ont révélé, par ailleurs, que « des pressions ont été exercées sur les chaînes de France Télévision pour ne pas coproduire le film et sur les responsables de la sélection officielle du Festival de Cannes pour qu'il ne soit pas sélectionné » et que « le producteur a été l'objet de demandes inhabituelles venant de la présidence de la République et du secrétariat d'Etat à la Défense et aux anciens combattants pour visionner le film avant la date de sa présentation officielle à Cannes ».