On croyait, naïvement bien sûr, qu'après l'échec retentissant de la «Caravane d'Albert Camus» que les porte voix du célèbre écrivain français, à l'occasion du 50ème anniversaire de sa mort, entendaient parvenir depuis la capitale française jusqu'aux portes d'Alger, allait taire, une fois pour toute, la polémique, et, de là, en finir, avec la sournoise campagne visant à le réhabiliter, par-dessus-même de l'opinion publique algérienne. Mais rien n' y fut, et, d'ailleurs, tout porte à croire que ces « Camusiens » invétérés ne vont pas de sitôt ranger leurs redoutables armes. A preuve, la conférence animée jeudi dernier au Centre culturel français d'Alger, par l'un de ses thuriféraires, Stéphane Babey, auteur, entre autre, de ‘'Camus, une passion algérienne'', réédité récemment en Algérie par Mille-feuilles éditions. Une rencontre tout au long de laquelle, l'orateur a ressassé les mêmes antiennes, très discutables, sur la passion de l'auteur de « L'Etranger » vouait pour la terre- non pour son peuple autochtone- algérienne. Il cite l'émerveillement de Camus pour Tipaza, et ses ruines…romaines évidemment. La fibre philosophique qui le liait à Saint-Augustin, mais non à un quelconque savant ou penseur algérien ou, dans une plus grande mesure, maghrébin qui pullulaient sur cette terre ô combien chantée. Rien, en effet, qui prouve l'attachement du Prix Nobel de la littérature, à ce pays dont il a toujours grossièrement nié, les origines berbères, arabes et surtout musulmanes. Pire, au cours de son speech, Stephane Babey, de disculper la partialité officiellement clamée par l'écrivain quant au droit des Algériens de disposer de leur propre destin, en recourant à un très discutable reportage qu'il a rédigé sur «la misère en Kabylie». Enfin, il faut dire que cette volonté fortement soutenue de séparer l'homme du romancier est d'autant plus vaine, qu'on n'aurait pas besoin encore une fois de rappeler, ses silences sur la torture à grande échelle que les barbares de Massu infligeaient à ces milliers d'Algériens, ou sa tendance raciste de désigner les Algériens que par le très réducteur qualificatif d'«Arabes» et on en passe. Quel dommage, pour un écrivain distingué par la bien-pensante littéraire de la moins partiale, l'Académie des Nobel.