L'Egypte s'apprête à un renouvellement partiel de la chambre haute en juin, à des législatives en l'automne et à la présidentielle en 2011. Ahmad Nazif, le Premier ministre égyptien, demande au Parlement de proroger l'état d'urgence jusqu'au 31 mai 2012. Malgré les critiques accusant ce dispositif qui sert à réprimer les libertés depuis l'assassinat du président Sadate en octobre 1981. M. Nazif et le ministre des Affaires juridiques et parlementaires, Moufid Chéhab s'en défendent. « Cette loi est appliquée seulement à la lutte antiterroriste et au trafic de drogue », disent-ils. Selon M. Chéhab, le texte exclut l'usage des dispositions de l'état d'urgence à la violation des libertés et cette prorogation qui n'est pas liée au calendrier électoral n'a pas d'objectif politique. La vérité serait tout autre sur le terrain. Selon Georges Ishak, un dirigeant de l'Assemblée pour le changement, qui soutient M. El Baradei, « ce dispositif va être utilisé contre les opposants politiques car les autorités peuvent fabriquer des accusations comprenant le terrorisme contre n'importe quel d'entre eux ». Heba Morayef, une responsable de Human Rights Watch (HRW) en Egypte affirme que « le bilan du gouvernement n'incite pas à l'optimisme quant à un changement d'attitude. Mais c'est un signe qu'il se sent sous pression ». Simple nouvel habillage pour l'état d'urgence ? Possible. En attendant, personne, notamment ceux s'inquiètent d'une succession du fils de Moubarak, ne se fait d'illusion. Cette demande sera satisfaite par les députés du Parti national démocratique (PND) du président Moubarak sans difficulté. La raison ? Une de leur missions est de contrecarrer les appels des pro-réformistes et des ONG qui manifestent quasi régulièrement devant le Parlement au Caire avec pour certains des posters affichant un squelette symbolisant le peuple égyptien avec une corde-la loi d'urgence-autour du cou, pour protester contre cette prorogation. Le 6 mai dernier, M. Moubarak a mis au défi l'opposition de présenter ses programmes sur l'investissement, la création d'emplois, la politique étrangère. Il l'a mise aussi en garde contre « le chaos » en insistant sur le maintien de l'état d'urgence en l'absence d'un support juridique chargé de la lutte antiterroriste. L'Egypte s'apprête à un renouvellement partiel de la chambre haute en juin, à des législatives en l'automne et à la présidentielle en 2011.