Dans certains villages qui ont perdu la quasi-totalité de leurs traditions ancestrales et le sens de la solidarité du fait de l'individualisme, un seul lieu les interpelle toujours et constitue un espace de rencontre. Il s'agit du cimetière. «Le cimetière est devenu le seul lieu où tous les villageois se rencontrent à l'occasion des enterrements. Il est presque impossible de réunir les citoyens dans un autre endroit pour parler de leurs problèmes communs», déplore le délégué d'un village de kabylie. Le cimetière demeure, donc, un lieu sacré avec lequel les villageois ne badinent pas. Les habitants peuvent rater un volontariat de nettoyage de rues ou toute autre tâche d'intérêt général, mais quand il s'agit d'un volontariat pour entretenir le cimetière, ils sont tous là. Les absents sont tenus de payer une amende. Les gens peuvent être en désaccord sur plusieurs points touchant à l'organisation au sein de village, mais refuser de verser sa contribution ou de prendre part aux travaux effectués au niveau du cimetière des villages constitue un grave dépassement aux yeux des habitants. Tout le monde, sans exception, même ceux qui vivent hors du village, comme les émigrés vivant en France ou ailleurs, payent leurs cotisations périodiquement.