Le second exemple explique l'introduction de la philosophie grecque dans le monde musulman. Il a été rapporté par le célèbre bibliographe Ibn al-Nadhîm. Le calife al-Ma'mûn a vu en rêve un homme à la peau claire, aux yeux bleus et au front dégarni. Il était assis sur un trône et regardait le calife qui se tenait devant lui, plein de crainte et de respect. La conversation s'est engagée entre les deux hommes et Aristote a conclu : «Celui qui te donne des conseils sur l'or sera comme l'or pour toi. Professe toujours l'unité (de Dieu).» Selon les historiens musulmans, c'est ce rêve qui a incité al-Ma'mûn à faire rechercher les manuscrits grecs et à les faire traduire en arabe. Il a envoyé des ambassadeurs, chargés de riches présents à l'empereur de Byzance, le priant de lui envoyer tous les livres de philosophie qu'il pouvait trouver dans son royaume. L'empereur a refusé, au début, puis, devant les richesses que lui a promises al-Ma'mun, il a fini par accepter. Toujours selon les historiens, le calife a nommé une commission de savants parmi lesquels se trouvaient les plus grands traducteurs de la Maison de la sagesse (Dâr al-hikma) de Bagdad et leur a confié le soin de choisir les manuscrits, de les acheter, puis de les traduire.