Une étude des formes artistiques dans l'œuvre de Choukri Mesli a été présentée par Françoise Liacine, auteure d'un ouvrage consacré au plasticien, lors d'une conférence donnée, hier soir, au Musée national des Beaux-Arts (Alger). «L'éducation artistique de Choukri Mesli a commencé à 17 ans, dans l'atelier de Mohamed Racim, miniaturiste de grand talent, et a été marquée par son passage à l'Ecole des beaux-arts d'Alger où il a suivi une formation classique, avant un séjour, à partir de 1954, à Paris, où il a pris conscience de sa situation», a indiqué la conférencière. Mme Liacine a expliqué que «la double vie du jeune homme engagé dans les études et dans le militantisme, s'est traduite dans l'œuvre par des dessins sur la vie dans les camps et par des tableaux d'une facture plus pauvre dans leur expression, plus naïvement réalistes, mais d'une grande violence documentaire comme le montre l'œuvre évoquant les massacres du 8 Mai 1945». Présentant la démarche artistique de Mesli, au lendemain de l'indépendance du pays, la conférencière a rappelé la rupture de l'artiste avec le style classique, une rupture lui permettant de s'inspirer de l'art populaire, «expression qu'il faut prendre au sens sociologique, au sens fort, celui d'art du peuple». Avec la création du groupe Aouchem, qui fonde sa réflexion sur l'art populaire, les signes font leur entrée dans la création picturale dès 1967. «C'est par un travail sur des matières qui ne font pas partie de l'atelier traditionnel des peintres, peinture sur des nattes en fibre végétale, sur des panneaux en bois, que va s'opérer la transition formelle, que la centralité du signe va s'imposer», a encore expliqué Mme Liacine, ajoutant que «là c'est la matière qui va appeler à la détermination de la forme, va libérer la plasticité nouvelle». «Ce formalisme nouveau, on le voit maîtrisé dans un tableau intitulé Couple et belle-mère et exposé lors du 1er Festival culturel panafricain d'Alger», a-t-elle relevé. «Dans l'œuvre de Mesli, tout y est, l'histoire collective, l'histoire personnelle.