Le Musée des arts modernes d'Alger (MAMA) accueille depuis le 6 juillet dernier une exposition d'arts plastiques qui vaut le détour. Une quarantaine de toiles pour proposer des formes et des couleurs saisissantes. Des symboles de l'Orient aux natures mortes jusqu'aux totems africains, sous l'intitulé «Mesli l'Africain», elle est consacrée à l'univers du peintre algérien installé en France, Choukri Mesli. Artiste qui se plaisait à penser qu'«une œuvre n'est valable que si elle est vue, sentie et aimée». Dans le cadre spacieux du MAMA, son œuvre s'étale à la vue et il faut dire qu'il est très facile de la sentir et de l'aimer. Formes multiples, couleurs vivaces, arabesques tortueuses, courbes entrecoupées de signes et de graffitis, bandes irisées… de différentes techniques, huile sur toile, huile sur papier, huile sur natte, huile sur contreplaqué, collage, etc. Ses tableaux sont autant de suggestions et de signes entremêlés. Chaque toile s'offre avec sa multitude de symboles et de significations à saisir. La femme y règne en thème majeur. En formes cubiques, en nudité voilée, dans une lascivité à peine suggérée, Mesli la survole, la dessine et la cherche de toile en toile. Elle est pour lui «image de liberté et de pureté surtout dans sa nudité. Elle est tendresse, maternité, poésie, richesse de l'humanité». Ce sont ces confidences que l'écran installé à l'entrée de l'exposition laisse entendre par la voix même du peintre dans un récent entretien. Mais, pour entrer dans l'univers de l'artiste, des inscriptions ponctuent les salles où sont installées ses toiles. La plus captivante s'adresse aux femmes : «Parce que, du Tassili à Picasso, d'ici et d'ailleurs, d'hier et de demain, aux femmes brisées et reconstruites à chaque toile, singulières et plurielles, pour poursuivre l'interrogation et affirmer la vérité de leur désir […].» Retour sur le parcours de Mesli pour mieux saisir son art. Né le 8 novembre 1931 à Tlemcen dans une famille d'intellectuels et de musiciens, il réalise ses premières gouaches en 1947. De 1948 à 1951, il est l'élève de Mohamed Racim à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. En 1954, il entre à l'Ecole des beaux-arts de Paris et réalise l'année suivante sa première exposition personnelle. Il devient le premier Algérien à avoir le diplôme supérieur en arts plastiques. De retour au pays après l'indépendance, il est nommé, dès 1962, professeur de peinture à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. En 1963, il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP). En 1967, il participe avec Denis Martinez à la création du groupe «Aouchem» (Tatouage) dont il organise la première exposition. Il travaille en 1969 à la préparation du Festival panafricain d'Alger. Il effectue en 1982 un voyage d'étude aux États-Unis où il expose avec un groupe d'artistes africains. Entre 1983 et 1985 il réalise à Alger une fresque de cent mètres carrés et trois sculptures, puis de nouvelles expositions personnelles. Choukri Mesli participe aux principales expositions collectives des peintres algériens en Algérie, au Maghreb et en France. L'exposition actuelle du MAMA se poursuivra jusqu'au 20 août prochain. F. B.