Quinze jours durant, les manifestations ont été consacrées à l'Afrique et à ses cultures. La «Renaissance africaine» revendiquée par le 2e Festival culturel panafricain s'est achevé lundi denier à Alger. Elle s'est dévoilée sous toutes les formes artistiques, dont les sept arts étaient de la partie. Quinze jours durant, les manifestations ont été consacrées à l'Afrique et à ses cultures sur le thème de «la Renaissance africaine». Elles ont été ouvertes le 4 juillet par une parade de chars représentant les 43 pays africains participant à ce festival. Ce 2e Panaf a rassemblé plus de 8000 représentants de ces pays, des Etats-Unis et du Brésil, les deux invités du festival ou d'Europe, et au moins 20.000 artistes algériens. Chaque jour, des milliers de spectateurs assistent aux concerts gratuits donnés à divers endroits de la capitale algérienne mais aussi à Oran, la grande cité de l'Ouest, Biskra (Sud) ou Boumerdès (Kabylie) ainsi que dans d'autres villes de l'Est comme Annaba. Colloques littéraires, concerts musicaux en tous genres, expositions photographiques, théâtre, danse ou cinéma: le 2e Festival culturel panafricain, qui s'est poursuivi jusqu'à lundi dernier, révèle de véritables trésors artistiques du continent. Et chacun de puiser ce qu'il y recherche, entre ceux qui ont assisté au 1er «Panaf» «en 1969, déjà à Alger, et les plus jeunes, fans de l'Algérien Khaled le roi du raï, des rythmes du Malien Salif Keita, du Guinéen Mory Kanté ou de Manu Dibango, le saxophoniste camerounais, ou encore du Sénégalais Youssou N'Dour. A Alger, le programme commençait souvent, dès le début de la matinée, par un colloque pour finir par un concert. Ainsi, ont été données les conférences de l'écrivain blanc sud-africain André Brink ou celle portant sur la colonisation et la libération de l'Afrique» ainsi que les récitals à Bab El Oued d'un groupe du Malawi, des Ougandais du Nile Beat Cultural Artists et des Guinéens du Nku De Nene Banto. La musique résonne jusque tard le soir, quand la chaleur finit par s'éclipser un peu, devant un public souvent jeune et qui découvre parfois cette musique africaine d'au-delà du Sahara. C'est vrai, je savais que je ne retrouverai pas l'ambiance du premier Panaf de 1969. J'y avais rencontré tous les mouvements de libération, comme le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela, ceux qui luttaient pour l'indépendance des colonies portugaises en Afrique: Parti pour l'indépendance du Cap-Vert et de la Guinée Bissau (Paigc), Mpla bien sûr (Mouvement populaire pour la libération de l'Angola) ou le Front de libération du Mozambique (Frelimo). Ils étaient alors tous là, dans une ambiance révolutionnaire», dit Ahmed, Tunisien et vieux militant de la cause africaine. Mais il se dit toujours enthousiaste à la sortie d'une projection de «Papa Césaire», un documentaire de Sarah Maldoror sur le poète-dramaturge martiniquais Aimé Césaire, disparu en avril 2008. «Sarah aussi était là en 1969», soupire-t-il, un brin nostalgique. L'oeuvre de Césaire est d'ailleurs mise en scène avec une reprise par la troupe sénégalaise Daniel Sorano de sa pièce Une saison au Congo qui se situe au lendemain de l'indépendance de l'actuelle République démocratique du Congo (RDC). Ahmed a pu enchaîner sur un autre documentaire de l'Egyptien Ramadan Suleman consacré à «L'Algérie et les mouvements de libération africains», avant de se rendre dans le centre-ville voir l'exposition Mesli l'Africain du peintre algérien Choukri Mesli qui présente une soixantaine de toiles au Musée d'art moderne et contemporain. «Regardez tous ces jeunes qui viennent chaque jour plus nombreux aux concerts. Ce festival était un vrai défi, il a été relevé», estime-t-il. Environ 22.000 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité du festival et Alger a toujours gardé son calme malgré cette effervescence culturelle.