Condition n Le Président destitué exige la dissolution totale de la junte militaire, responsable du putsch de septembre 2008, avant de démissionner. A un mois de la présidentielle en Mauritanie, une question ultrasensible vient encore compliquer le règlement de la crise politique. Le Président destitué il y a 10 mois par les militaires n'acceptera de démissionner que si la junte des putschistes est dissoute. Depuis la signature solennelle d'un accord, le 4 juin à Nouakchott, l'horizon semblait pourtant s'être dégagé. Une phase de transition de six semaines devra précéder le premier tour, le 18 juillet, de l'élection présidentielle anticipée. Il était d'abord prévu que le Président destitué, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, signe un décret portant formation d'un gouvernement transitoire, puis qu'il renonce volontairement à ses fonctions. Mais rien ne s'est concrétisé. Le comité de suivi de l'accord a recommandé, jeudi, que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine se réunisse «en urgence» pour une «session extraordinaire» à ce sujet. Le blocage porte à présent sur la place accordée aux militaires qui forment le Haut Conseil d'Etat (junte). Le Président déchu n'est prêt à signer sa démission que si la junte formée après le putsch disparaît entièrement. «On ne peut pas lui demander de démissionner alors que l'outil de son départ forcé, le Haut Conseil d'Etat (junte), n'est pas dissous», a fait valoir le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, candidat des anti-putsch à la présidentielle. Dans le camp du général Aziz, un député a accusé le Président déchu de vouloir «torpiller les accords de Dakar», en engageant «un règlement de compte avec l'armée». Depuis que le général Aziz a abandonné la direction de la junte et que le président du Sénat a pris la tête du pays par intérim, la junte est censée n'avoir plus qu'un «rôle purement sécuritaire», a estimé ce député. Les anti-putsch du Front national pour la défense de la démocratie (Fndd) rétorquent que si les négociations connaissent «une dérive dangereuse», c'est à cause du «reniement par le général Aziz de certains engagements qu'il avait pris». De nouveau, les regards se tournent vers les deux grandes figures rivales, «Sidi» et «Aziz», en attendant de savoir lequel fera une concession. Par ailleurs, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, avait annoncé qu'une nouvelle réunion aura lieu, aujourd'hui samedi, à Dakar, entre toutes les parties mauritaniennes et le groupe international de contact. Mais le camp du général Aziz a, d'ores et déjà, fait savoir qu'il ne serait pas représenté à cette réunion. «Nous ne voyons pas de raison d'aller à Dakar», a déclaré le porte-parole actuellement en tournée avec Ould Abdel Aziz dans le sud du pays. Pour lui, l'opposition s'adonne «à des blocages délibérés pour tenter d'imposer un nouveau report» de la présidentielle prévue pour le 18 juillet. «Nous rejetons a priori toute idée d'un nouveau report», a-t-il averti.