Résumé de la 122e partie n Albert continue d'inspecter les alentours du Repos du contrebandier... «Y a pas, c'était coquet, pensa-t-il pour la énième fois. Bien le genre d'endroit où tout officier de la Royal Navy souhaiterait prendre sa retraite. Et dire que c'était là que le patron avait dîné ce fameux soir...» A pas lents, Albert fit et refit le tour de la maison qu'il contemplait comme il avait regardé les grilles de Sans Souci - plein d'espoir, comme s'il demandait aux pierres de lui révéler la vérité. Et ainsi allait-il, Blondel du xxe siècle en quête de son maître et fredonnant pour se donner du cœur au ventre : «On ferait des chooses si chouet-ettes-euh, je vous dirais des mo-ots si chouet-ettes-euh, Pour faire des cho-oses si chouet-ettes-euh...» Eh là !... Il y avait une erreur quelque part. Ce couplet-là, il l'avait déjà chanté. Tiens ! ça c'était marrant ! Le capitaine élevait des porcs ou quoi ? Un grognement profond lui parvenait. Rigolo... ça faisait comme si que les porcs étaient tenus dans la cave. Drôle d'endroit, pour des cochons ! Non, ça pouvait pas être des cochons. S'agissait plutôt d'un particulier qui piquait un roupillon. Un roupillon dans la cave, à ce qui semblait. Pour un roupillon, c'était le bon jour. Mais tu parles d'un endroit pour pioncer ! Nez au vent, Albert s'approcha. C'était de là que ça venait - de cette espèce de soupirail. Rron, rron, rron... Pfuuuhh, pfuuuhh, pfuuhh... Rron, rron, rron... Pas banal comme manière de ronfler... ça lui rappelait quelque chose... «Sacré bon Dieu ! se dit Albert. Voilà ce que c'est - un SOS. Point, point, point, trait, trait, trait, point, point, point...» Il jeta autour de lui un rapide coup d'œil. Puis il s'agenouilla. Et, de l'index, tapota sur la grille du soupirail un rapide message. Quoique Tuppence se soit couchée la veille pleine d'optimisme, elle traversa une sévère phase de dépression en s'éveillant, à ces heures incertaines de l'aube où le moral du genre humain est au plus bas. Mais, à la table du petit déjeuner, elle retrouva tout son allant, en découvrant sur son assiette une lettre. L'adresse avait été tracée, maladroitement semblait-il, d'une écriture inclinée vers la gauche. Il ne s'agissait pas d'un message de Douglas, de Cyril ou de Raymond, non plus que d'une de ces correspondances camouflées qui lui parvenaient avec ponctualité et qui se résumaient, ce jour-là, à une carte postale aux couleurs criardes représentant un clown. Le texte, gribouillé, indiquait seulement : «Pardon de n'avoir pas écrit plus tôt. Tout va bien. Maudie.» Cette carte, Tuppence la mit de côté. Et elle ouvrit l'enveloppe. Chère Patricia, Tante Gracie, je le déplore, est au plus mal. Non que les médecins la disent explicitement en train de flancher, mais j'estime qu'il n'y a plus guère d'espoir. Si vous souhaitez la revoir avant la fin, je pense qu'il serait bon que vous veniez dès aujourd'hui. Si vous prenez le train de 10h 20, un ami vous attendra à Yarrow avec sa voiture. (à suivre...)