Nostalgie n La génération de 1969 se souvient du premier Festival panafricain comme un moment mémorable, un événement extraordinaire. Jusqu'à présent, quarante ans plus tard, et à la veille du deuxième Panaf, ceux qui ont vécu les festivités de 1969, le hoosdok africain, en gardent d'inoubliables souvenirs et impressions. Pendant ce festival, Alger brillait chaque nuit de mille feux. Des lanternes multicolores éclairaient les rues de la capitale. De grands panneaux lumineux et décorés aux symboles et aux motifs représentant l'art africain ornaient les principales artères d'Alger. La capitale ne dormait pas. Avec la fête jusqu'au petit matin. Tout se déroulait dans une liesse populaire. Des troupes folkloriques en provenance des quatre coins du continent noir, se produisaient dans les rues et sur les places publiques. Toutes offraient à l'assistance, nombreuse et curieuse, des performances artistiques reflétant l'art africain. Celui-ci s'illustrait en couleurs et en beauté. Il s'exprimait dans une richesse comme dans une diversité ancestrale. Du chant, de la musique, de la danse et d'autres formes d'expression folklorique éblouissaient le public. Alger vibrait, de jour comme de nuit, aux rythmes des sonorités africaines et des tam-tam surgissant du fin fond des âges. Il y avait aussi du cinéma, des représentations théâtrales, des expositions et de la littérature. Un programme varié et substantiel. La Cinémathèque algérienne affichait chaque jour salle comble : les amateurs du 7e art venaient nombreux découvrir le cinéma africain et après chaque projection, des séances-débats étaient animées et le public y prenait part. La génération de 1969 s'en souvient. Des soirées musicales étaient quotidiennement organisées au Théâtre national, dans les salles du Mougar, de L'Atlas ou encore de L'Afrique, drainant un public avide de sonorités africaines. Et à toutes ces soirées musicales s'ajoutaient d'autres données en plein air. De grands noms de la chanson et de la musique africaines avaient tenu à prendre part à cette manifestation d'envergure africaine. On peut citer, à titre d'exemple, des noms tels que l'incontournable Myriam Makéba – elle avait marqué le festival de son talent et de son charisme – , le musicien Max Roach, la chanteuse de jazz Abbey Lincoln, Oleya de Tunisie, Vicky Blain de Gambie… Il y avait des musiciens de jazz, des dramaturges, des acteurs et actrices, des poètes, des universitaires, des écrivains et des militants politiques, parmi lesquels on pouvait retrouver Nina Simone, Archie Shepp, Jeanne Lee, Clifford Thornton, Dave Burrell, Alan Silva, Sunny Murray, Ed Bullins, Don Lee Stockley Carmichael (le mari de Myriam Makéba), le docteur Nathan Hare et tant d'autres encore. La génération de 1969 se souvient du premier Festival panafricain. De par son contenu culturel et les discours politiques qu'il portait et soutenait, le festival qui avait été couvert par plus de 300 journalistes, dont près de 200 envoyés spéciaux, reste et restera un moment historique. 1969 se révèle une référence du militantisme politique et des revendications de l'identité et de la spécificité culturelle africaines.