Souvenirs n Il est vrai que le deuxième Festival culturel panafricain a été un moment exceptionnel, riche en émotions. C'était une grande histoire de rencontres, d'échanges et de participation active. Il est vrai qu'il a été un moment pour s'amuser, mais aussi pour s'informer et faire de belles découvertes culturelles. Mais ceux qui ont vécu le Panaf de 1969 s'en souviennent et se rappellent que l'ambiance de la première édition était plus exaltante que celle du présent festival. «L'ambiance n'était pas la même», relève Aziz Degga, comédien et enfant de la cinémathèque algérienne, ajoutant : «L'esprit n'était pas non plus le même.». Le contexte social et politique de l'époque de 1969 n'était effectivement pas le même que celui de 2009. L'Algérie venait juste d'avoir son indépendance. Et le premier Panaf était placé sous le signe des mouvements de libération et de lutte pour les indépendances. Le Panaf-1969 se présentait alors comme l'incarnation des élans révolutionnaires et de la liesse populaire. L'ambiance n'était alors pas la même. L'esprit déterminait et signifiait la nature et le caractère du Festival panafricain. «En 1969, c'était l'euphorie populaire. On venait d'avoir notre indépendance. Les espoirs étaient permis, et le Festival panafricain était un grand moment pour nous. Il illustrait cet esprit de liberté et ce tempérament d'ouverture», se rappelle avec nostalgie Aziz Degga. Interrogé sur ce deuxième Panaf, ce dernier dira : «C'était bien. Et c'est mieux que rien. Ça a permis aux gens de sortir. C'était d'ailleurs un plaisir, lorsque je passais près des places publiques, de voir des familles assister à un spectacle ou à une animation artistique. Le Panaf a permis une activité culturelle dense et multiple.» «Ça a été l'ébullition culturelle et artistique», reconnaît-il, tout en regrettant néanmoins que le public ne prêtait pas intérêt à toutes le activités, telles que le cinéma. «Les salles de cinéma, comme la cinémathèque, ne désemplissaient pas. Il y avait à chaque projection ou séances de débat avec un réalisateur un public, connaisseur et intéressé.» Et de conclure : «Ce qui a intéressé particulièrement les jeunes, lors de ce panaf, c'est bien la musique. Les jeunes s'intéressent actuellement uniquement à la musique.» l Revenant, en outre, sur la première édition du Panaf dont il garde de bons et beaux souvenirs, Aziz Degga évoque avec nostalgie juillet 1969 : «Contrairement au deuxième Panaf, le public, en 1969, n'était pas seulement spectateur. Il était aussi acteur. Il se mêlait dans l'allégresse aux troupes de danse folkloriques ainsi qu'aux artistes, et inversement. Les troupes se mêlaient à la foule, et nous, nous prenions part aux danses. Les danseurs invitaient les gens à se mêler à eux et à prendre part à la fête. C'était vraiment extraordinaire, exceptionnel. C'était réellement un moment de partage et d'échange. En plus, les spectacles avaient lieu toute la journée contrairement à 2009 où les animations se limitaient aux soirs. » Aziz Degga se souvient également qu'entre le public et la scène, il n'y avait pas de barrière ou de périmètre de sécurité. «Public et artistes formaient un tout», dit-il, ajoutant : «C'était la fusion. Le public était en contact direct et permanent avec les artistes.» Aziz Degga se rappelle, toutefois, qu'en 1969, la situation sécuritaire était différente de celle d'aujourd'hui. «Avant, il y avait la sécurité», dit-il, et de regretter : «Il y avait ce sentiment de sécurité qui fait que les gens sortaient le soir sans appréhension», alors qu'aujourd'hui, les gens sont sortis, mais en préférant s'en tenir qu'aux lieux publics. Là où l'on voit la présence de policiers et d'agents de sécurité. C'est plus rassurant. Si en 1969, le Festival panafricain était marqué par l'insouciance, l'euphorie et la liesse populaire, il se trouve cependant que celui de 2009 s'est déroulé dans une réalité qui n'est plus la même. La situation a changé. Le deuxième Panaf a été organisé sur fond d'insécurité et de crise sociale, de tensions et de divergences politiques ainsi que de marasme économique.