Incidents n Les violentes émeutes qui ont eu lieu, hier, à Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, ont fait 140 morts et plus de 800 blessés. Des centaines de personnes ont été arrêtées après les violences qui ont éclaté hier soir, dont «plus de dix personnalités-clefs qui ont attisé les troubles, hier, dimanche», a affirmé Chine Nouvelle citant le département de la sécurité publique. La police est toujours à la recherche de 90 autres personnes-clefs. De son côté, un porte-parole du gouvernement régional a affirmé que le dernier bilan était de 140 morts et 828 blessés. Ce bilan semble davantage en adéquation avec les images saisissantes diffusées ce lundi matin par la télévision centrale, alors que la télévision et l'agence officielle ne parlaient encore que de «plusieurs morts». La télévision chinoise a diffusé, ce lundi, des images de la violence ayant déferlé, hier, dans les rues d'Urumqi, la capitale du Xinjiang, région à population majoritairement musulmane du nord-ouest de la Chine, montrant des civils ensanglantés, dont certains gisant à terre, alternant avec des plans de véhicules en flammes ou déjà carbonisés, d'émeutiers lançant des pierres aux forces de l'ordre ou renversant une voiture de police. Jeunes filles en sang se consolant l'une, l'autre, homme d'un certain âge gisant à terre, à deux pas d'une brique, le crâne en sang, et tentant faiblement de se relever, jeune homme hébété assis sur un trottoir également couvert de sang : les images de victimes ont succédé aux plans de voitures et bus en flammes ou déjà carbonisés jusqu'au châssis. Mais d'autres images montrent aussi des émeutiers à l'œuvre, en train de renverser un véhicule de police. Le calme semblait revenu ce lundi à Urumqi, où la présence des forces de l'ordre était visible et où les autorités avaient bouclé plusieurs quartiers dans la matinée. Chine Nouvelle a toutefois annoncé la levée partielle des restrictions de la circulation à la mi-journée. Pékin a attribué la responsabilité des émeutes à la dissidence ouïghoure en exil, et notamment au Congrès mondial ouïghour de Rebiya Kadeer, arrivée en mars 2005 aux Etats-Unis après une détention en Chine de presque six ans et son exil forcé par Pékin. L'organisation ouïghoure aurait incité à la violence avec des appels sur l'Internet à ses sympathisants pour qu'ils se montrent plus braves et fassent quelque chose de gros. Le gouvernement a, par ailleurs, publié une directive urgente ce lundi matin, annonçant que la circulation allait être contrôlée dans certaines zones afin de maintenir l'ordre social dans la ville et garantir l'exécution de leurs devoirs par les organes de l'Etat. Ces incidents évoquent les émeutes de Lhassa, la capitale régionale du Tibet, de l'an dernier qui ont provoqué la mort de 18 civils et d'un policier. Le Xinjiang, aux confins de l'Asie centrale, compte environ 8,3 millions de Ouïghours, dont certains dénoncent la répression politique et religieuse menée par la Chine sous le couvert de lutte contre le terrorisme.