Scène n Ventres pleins, ventres creux a ouvert la première édition du Festival international du théâtre d'Alger. La 1re édition du Festival international du théâtre d'Alger s'est ouverte, hier, lundi, au Théâtre national. Cette présente édition, dédiée au théâtre africain, coïncide avec la tenue du deuxième Festival culturel panafricain. Ventres pleins, ventres creux de Daniel Boukman a ouvert le bal. Adaptée et mise en scène par Ahmed Khoudi, la pièce se déroule dans un pays imaginaire, gouverné par un dictateur, ne se souciant que de ses intérêts et tournant ainsi le dos aux préoccupations de son peuple miséreux et affamé. Pour ses 85 ans, il projette d'organiser une fête grandiose et somptueuse à laquelle sont conviés des dignitaires et des chefs d'Etat de pays voisins et même d'outre-mer. Alors qu'il s'apprête à fêter son anniversaire, le peuple, tiraillé par la faim, fait entendre sa voix, laisse exploser sa colère et entrevoir sa révolte. Le dictateur usera d'autorité et d'arbitraire pour contenir la grogne populaire et parer la menace révolutionnaire. Jouée dans un langage théâtral associant l'arabe classique à l'arabe dialectal, créant un registre linguistique digeste et accessible se révélant un jeu souple, la pièce présente une dualité, un conflit opposant le peuple – les ventres creux, ceux qui ne trouvent pas de quoi apaiser leur faim – à la classe dominante – les ventres pleins, ceux qui passent leur temps à festoyer et à ne se soucier que de leurs propres intérêts. C'est un rapport de force qui se dessine tout au long de la pièce. Ce rapport entre gouvernant/gouverné, dominant/dominé, se traduit fort bien et d'une manière évidente à travers la scénographie conçue par Ahmed Khoudi. Celle-ci montre la fracture sociale qui accentue le clivage séparant le peuple de la classe dirigeante : sur les planches est disposé un podium circulaire. Sur ce podium qui surplombe la scène se déroule l'univers des dirigeants et des privilégiés, alors que l'autre scène présente l'espace réservé au peuple – ou la populace. Ni le peuple n'a le droit de déborder sur l'espace réservé aux dignitaires, ni la classe dirigeante n'est autorisée à se mêler aux petites gens. Chacun a sa place et nul ne doit transgresser les frontières. Il est à souligner qu'avant la présentation de la pièce, des hommages ont été rendus aux grands du théâtre africain, à savoir Ould Abderrahmane Kaki, Tahar Amir, Sid Ali Kouiret, Keltoum ainsi que Nouria, Wolé Soyinka (Nigeria), Ali Mahdi (Soudan), Mohamed Driss (Tunisie), Guingnane Jean Pierre (Burkina Faso), Koulay Lamko (Tchad), Sotigui Kouyate (Mali), Siddiki Bakaba et Bernard Dadie (Côte d'Ivoire) ainsi que Ousmane Diakhate (Sénégal). Tout comme il est à souligner que le programme tracé par le commissariat du festival est riche et varié. Il comprend, outre des représentations théâtrales à la salle El Mougar (18h), Théâtre national (20h 30) et la petite salle du TNA Hadj Omar (15h 30), un colloque, des ateliers, une résidence de création… Pour finir, ce festival tient, selon les organisateurs, et à travers les représentations, à rendre compte de la diversité de la pratique théâtrale africaine.