Naïveté n A la tombée de la nuit, ils allument le feu. La vieille se met dans un couffin et le vieux le suspend au-dessus du foyer. Il était une fois un vieux et une vieille qui vivaient seuls au bout d'un village. Ils possédaient sept chèvres, un veau et un bœuf sans cornes. Le vieux les emmenait paître chaque jour. Mais il rentrait toujours avant la tombée de la nuit, par peur des bêtes fauves. Malheureusement, un lion l'a aperçu et il l'a suivi jusque chez lui. Dans la nuit, il frappe à la porte. — Qui est là ? dit le vieux. — Sept chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! En tremblant, le vieux lui jette une chèvre. Le lendemain, le lion revient. — Six chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette une autre chèvre. Le lion revient le troisième jour. — Cinq chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette une autre chèvre. Le lion revient le quatrième jour. — Quatre chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette une autre chèvre. Le lion revient le cinquième jour : — Trois chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette une autre chèvre. Le cinquième jour : — Deux chèvres, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette une autre chèvre. Le sixième jour : — Une chèvre, un veau et un bœuf sans cornes, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette la dernière chèvre. Le septième jour : — Un veau, un bœuf sans cornes, un vieux et une vieille, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette le veau. Le huitième jour : — Un bœuf sans cornes, un vieux et une vieille, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Il lui jette le bœuf. C'est alors que le vieux dit à sa femme. — C'en est fait de nous ! Il va nous manger ! Il faut fuir… — Hélas, nous n'avons nulle part où aller… Le lion nous rattraperait… — Alors, il faut nous cacher ! A la tombée de la nuit, ils allument le feu. La vieille se met dans un couffin et le vieux le suspend au-dessus du foyer. Le vieux, lui, se cache sous la grande écuelle en bois. Le lion arrive. — Un vieux et une vieille, si tu n'ouvres pas la porte, je la défonce ! Le lion répète l'ordre deux fois, à la troisième il enfonce la porte. Il cherche les vieux et, ne les trouvant pas, il se met au coin du feu. Il se réchauffe quand la vieille, dans le couffin, titillée par la chaleur, laisse échapper un gaz. Le vieux sort la tête de sous l'écuelle et dit : «Tu nous a découverts !» — Ah, vous êtes là… Il décroche la vieille d'un coup de griffe et de l'autre sort le vieux et les dévore.