Résumé de la 3e partie n Mungalo continue à voyager, il se nourrit grâce à ses cornes magiques, mais ses vêtements s'usent. C'est pour cela que quand il frappe à la porte d'une maison, on ne l'invite pas à entrer... Mungalo en fut tout surpris – jusqu'au lendemain, où il comprit. Comme il passait devant un étang, il regarda son reflet à la surface de l'eau... et il hésita, l'espace d'un instant, à se reconnaître lui-même ! Il se mit à rire en songeant à la tête qu'avait faite l'autre, la veille. Rien d'étonnant s'il lui avait claqué la porte au nez. Alors Mungalo se mit à l'eau, et se baigna, s'étrilla, s'aspergea, jusqu'à n'avoir plus sur lui un seul grain de poussière. Puis il se sécha au soleil, regarda ce qu'il restait de ses pauvres habits et songea : «Il m'en faudrait d'autres.» Il frappa la corne de bœuf et dit : Dans ces vieux oripeaux Je passe pour un vaurien J'en voudrais de plus beaux, Dignes d'un homme de bien. A peine avait-il prononcé ces mots qu'aux branches des buissons alentour apparut tout un assortiment de pièces d'étoffe et de vêtements éblouissants. Mungalo choisit ceux qu'il préférait, dans des coloris éclatants. Il prit aussi quelques bijoux finement travaillés, des pendants d'oreilles en argent massif, un collier de perles et des anneaux d'or. Il replaça les cornes à sa ceinture, se drapa les épaules d'une étole somptueuse, et c'est en ces atours qu'il fit son entrée dans le village suivant. Maintenant qu'il avait l'air d'un prince, on le regardait d'un autre œil. Il eut droit à un accueil chaleureux et fut reçu en grande pompe par le chef du village en personne, qui l'invita dans sa demeure. On l'y traita en hôte de marque, et c'est la fille du chef elle-même qui s'empressa pour le servir, avec grâce et dignité. La beauté de la jeune fille capta son regard et son cœur. Il offrit au chef quelques-unes des riches pièces de toiles récoltées sur les buissons, et à sa fille des bijoux d'or pur qui jetaient du feu sur sa peau sombre. Trois mois s'écoulèrent. Chaque jour un peu plus, Mungalo prenait part à la vie du village. Il aidait le chef dans ses tâches, et le soir tout le village se regroupait autour du feu pour écouter Mungalo raconter des histoires du pays de son père. Son amour pour la fille du chef croissait de jour en jour, et elle-même s'était laissé conquérir par son cœur généreux, son ardeur à la tâche et son courage viril. Au-bout de quelques mois, on célébra leurs noces. Il y eut un festin gigantesque, fourni en partie par les cornes magiques, en partie par la nouvelle famille de Mungalo, qui ne voulait pas être en reste. Le battement du tam-tam et les chants et les danses se poursuivirent des jours durant, aussi longtemps qu'il resta une miette de ce banquet fantastique, et une goutte de vin de palme au fond de la dernière calebasse. Un an plus tard, Mungalo reprit les chemins pour emmener sa femme au village de son père. Les épouses de son père donnèrent un grand repas en l'honneur du fils revenu. Elles comprenaient enfin que toutes leurs mesquineries n'avaient rimé à rien. Alors, enterrant leurs vieilles rancunes, elles résolurent de le traiter dignement. C'était à qui chanterait le plus fort les louanges de Mungalo et de sa jeune épouse. Alors, avec sa femme, Mungalo s'établit sur les terres ancestrales que lui donna son père. Il pria les cornes magiques de le doter d'une demeure digne d'un fils de chef. Plus tard, comme sa famille grandissait, les cornes magiques lui permirent de loger superbement tout son monde. Plus de cent fois peut-être Mungalo conta ses aventures, mais jamais il ne révéla le secret des cornes magiques. Le jour, il les portait sur lui ; la nuit, elles n'étaient jamais loin. Ainsi l'esprit du grand bœuf blanc lui tint compagnie toute sa vie. On dit que même dans son âge mûr, même lorsqu'il devint le chef respecté de sa tribu, jamais il ne se défit de ses cornes magiques.