Résumé de la 1re partie n La disparition suspecte de Cora Turner, épouse du docteur Crippen, provoque une enquête de police... Un peu plus tard, l'inspecteur Dew et le sergent Mitchell pénètrent dans le bureau du docteur Crippen. L'immeuble qui abrite sa clinique est situé au centre de Londres, ce qui indique assez la fortune qui est la sienne... L'homme a tout du gentleman. Il porte sa cinquantaine avec distinction : une haute stature, des cheveux grisonnants, avec un début de calvitie, des favoris, des lunettes cerclées d'or. — Prenez place, messieurs. Je m'attendais à votre visite... C'est de mon épouse qu'il s'agit, n'est-ce pas ? L'inspecteur Dew confirme et le praticien prend une mine de circonstance. — Hélas, j'ai la plus triste des nouvelles à vous apprendre : elle est morte en Californie. — Vous m'en voyez sincèrement désolé... Elle était donc retournée en Amérique ? — Elle avait exprimé le désir de rendre visite à sa famille. Cela faisait vingt ans qu'elle ne l'avait pas vue. Je ne pouvais m'y opposer... Malheureusement, j'ai reçu une lettre de là-bas, me disant qu'elle était morte tout de suite après avoir débarqué. — Puis-je vous demander la raison de son décès ? — Je ne sais pas. On m'a seulement dit qu'elle était morte. — Qui vous a écrit ? — Un de ses cousins, que je ne connaissais pas. — Vous avez cette lettre ? — Je l'ai brûlée dans ma douleur. — Et vous n'avez fait aucune démarche à la suite de sa mort ? — Non. De quel genre ? — Je ne connais pas les termes de votre contrat de mariage, mais sans doute êtes-vous son héritier. Or, elle avait des biens, des bijoux sûrement, peut-être un compte en banque. — Je n'y ai pas pensé. J'étais bouleversé... Il y a un long silence. Le dentiste contemple le visage fermé de son interlocuteur. — Vous ne me croyez pas ? — Mettez-vous à ma place... Harvey Crippen quitte son fauteuil et se met à marcher de long en large dans la pièce, en proie à la plus vive agitation. Il s'arrête enfin. — Vous avez raison, inspecteur, elle n'est pas morte. J'ai dit cela pour éviter le scandale. En fait elle est partie pour les États-Unis avec un inconnu. — En laissant ses bijoux, ses toilettes ? — Qui sait ce qu'une femme peut faire sous le coup de la passion ? D'ailleurs, je suis certain que ce nouvel homme est riche et qu'elle a autant si ce n'est plus d'argent qu'avec moi. L'inspecteur réfléchit un instant, puis hoche la tête. — Je ne demande qu'à vous croire, docteur, et je n'ai plus qu'une petite formalité à accomplir pour clore mon rapport jeter un coup d'œil chez vous. Pourrions-nous le faire tout de suite ? Le plus tôt serait le mieux. Harvey Crippen a une expression fugace de contrariété, mais il réplique d'un ton courtois — Parfaitement. Je vais vous accompagner. Les deux policiers reviennent au cottage où ils retrouvent Mlle Le Neve, plus mal à l'aise que jamais... La petite formalité annoncée dure plus longtemps que prévu. Secondé par son adjoint, l'inspecteur parcourt la maison de la cave au grenier, sonde les murs et les parquets, examine les allées et les pelouses du jardin. Ethel Le Neve ne tient pas en place, Harvey Crippen, lui, affiche un flegme tout britannique. A la fin, n'ayant pas obtenu le moindre résultat, l'inspecteur va trouver la jeune femme. (à suivre...)