Résumé de la 5e partie n Bien que son action n'ait rien de politique Mesrine se compare à la Bande à Baader en Allemagne et aux Brigades rouges en Italie et n'exprime aucun regret pour les crimes qu'il a commis... «Le seul crime que je ne me suis jamais pardonné, c'est ce petit oiseau aux reflets bleus que j'ai abattu dans notre jardin à l'âge de treize ans. C'est le seul remords que j'ai connu, aussi abominable que cela puisse paraître.» Il a déclaré aussi qu'entre la police et lui, un duel à mort était engagé, ajoutant : «Le premier qui tirera aura raison...» Il y a eu très peu d'ennemis publics numéro un en France, mais Mesrine mérite incontestablement ce titre, que les médias lui décernent d'ailleurs unanimement. Pour le ministre de l'Intérieur Christian Bonnet et même pour le président de la République Valéry Giscard d'Estaing, sa capture devient une priorité absolue, ou du moins sa neutralisation, car le prendre vivant sera sans doute difficile. La police est certaine qu'il n'a pas quitté Paris, où il a accompli tous ses méfaits. A la suite de plusieurs renseignements, elle acquiert la certitude qu'il se cache 35, rue Béliard, dans le XVIIIe arrondissement...Le vendredi 2 novembre 1979, à 15h 15, une jeune femme aux cheveux bouclés sort de l'immeuble, tenant un caniche blanc en laisse. C'est Sylvie Jeanjacquot, sa compagne du moment. Elle va dans un garage voisin et revient au volant d'une BMW 528, le plus puissant modèle de la marque. A 15h 18, elle s'arrête devant le 35, rue Béliard. Un homme en sort. Il porte une perruque mais on reconnaît avec certitude Jacques Mesrine. Il s'installe au volant et démarre, sans avoir remarqué plusieurs voitures banalisées, fourgonnettes, faux taxis et un camion de dix tonnes qui le suivent. A l'intérieur, il y a une petite armée de policiers. A 15h 20, dans une rue proche de la porte de Clignancourt, le dix-tonnes double la voiture, tandis que les camionnettes prennent position derrière, empêchant toute retraite. Le camion s'arrête et l'abattant arrière se baisse. Quatre hommes, tireurs d'élite de la brigade antigang, apparaissent. Ils sont armés de carabines automatiques Ruger à balles perforantes et d'un pistolet-mitrailleur Uzi. Ils font feu. Vingt et une balles de calibre 5,65 traversent le pare-brise de la BMW. Dix-neuf atteignentMesrine, les deux autres ont touché sa compagne au bras et à la tête. Elle survivra. Mesrine, lui, est mort.Toutes les balles étaient mortelles. A ses côtés, dans la voiture, on découvre une grenade du modèle le plus puissant... A 15h 30, Christian Bonnet téléphone àValéry Giscard d'Estaing : — Mission accomplie, monsieur le Président. Dans l'appartement de la rue Béliard, on trouve une cassette, que Mesrine avait enregistrée en cas de décès... Elle est adressée à Sylvie Jeanjacquot, mais elle est destinée tout aussi bien au grand public, auprès duquel il veut parader une dernière fois : «Chérie, je viens de tomber sous les balles de la police. C'est normal c'était à qui tirerait le plus vite.» Au gouvernement et dans la France entière, l'événement est accueilli avec soulagement. Pourtant certains critiquent une opération illégale la police n'a pas le droit de tirer sans faire les sommations d'usage, ce qui n'a, de toute évidence, pas été le cas. Mais était-il possible de faire autrement ? A cette question, la Cour de cassation, saisie par la famille Mesrine, a donné une réponse négative, le 6 octobre 2006, vingt-sept ans après les faits. Par son arrêt, elle a confirmé le non-lieu déjà prononcé le 1er décembre 2005 sur les conditions de l'arrestation et l'a rendu irrévocable. Non, la police n'avait pas le choix, non ; elle ne pouvait agir en respectant les formes légales. Aujourd'hui, l'affaire Mesrine est définitivement terminée.