Résumé de la 10e partie n Peu après l'appel du copilote qui annonce que les terroristes sont prêts à tout, le gouvernement allemand feint de céder à leurs exigences… Il est 6 h 39. Ils découvrent une vision d'horreur. L'homme baigne dans son sang. A ses côtés, un pistolet 9 mm. Une balle lui a traversé la tête de la nuque au front et a projeté une flaque de sang sur le mur. L'émotion est telle que ce n'est qu'à 7 heures que les gardiens vont dans les cellules suivantes. En entrant dans celle d'Andreas Baader, ils manquent de trébucher sur son corps. Il est allongé sur le dos, les bras écartés, les poings fermés, un pistolet 7,65 près de la main droite. Lui aussi a reçu une balle dans la tête. Affolés, les gardiens se précipitent chez Gudrun Ensslin. D'abord, ils ne voient personne, puis, dépassant d'une couverture grise tendue devant la fenêtre, ils aperçoivent deux pieds. Gudrun Ensslin s'est pendue avec le fil électrique du tourne-disque qu'on lui avait laissé. Dans les secondes qui suivent, c'est la ruée vers la dernière cellule, celle de la seconde femme, Irmgard Moeller. Elle est allongée sur son lit, couverte de sang. Dans son poing serré, elle tient un couteau à bout arrondi servant à couper le pain, qui a été aiguisé. Elle a reçu de nombreux coups au cou et à la poitrine, mais elle vit et ses jours ne semblent pas en danger. C'est la seule survivante de la bande à Baader... Le lendemain, à 17 heures, une voix anonyme téléphone à l'agence France Presse : — Vous trouverez le corps d'Hans Martin Schleyer dans une voiture verte de marque Audi, stationnée rue Charles-Péguy, à Mulhouse. Une demi-heure plus tard, une femme contacte le journal Libération, répétant l'information et proclamant : — Le combat ne fait que continuer. Le patron des patrons allemand est retrouvé dans le coffre de l'Audi. Il a été tué de quatre balles, toutes tirées à bout portant, et égorgé. Malgré le formidable déploiement de la police allemande, les auteurs de l'enlèvement et de l'assassinat ne seront jamais retrouvés. Le suicide ou du moins la mort des chefs de la bande à Baader a un incroyable retentissement en Allemagne ainsi que dans le monde entier. L'événement déclenche aussi une violente polémique. Car il est évident que le gouvernement allemand avait tout intérêt à éliminer physiquement Andreas Baader et les siens, pour éviter une nouvelle prise d'otages, avec demande de libération. Le chancelier Helmut Schmidt prend les devants et donne, le jour même, devant le Bundestag, la chambre des députés allemande, ce qui restera la version officielle — Les prisonniers ont eu recours à la destruction de leur vie comme moyen de combat. Autrement dit, il les accuse de s'être tués de manière qu'on puisse penser qu'ils ont été éliminés... Alors, suicide ou liquidation ? On en a discuté âprement sur le moment et il faut tenter à présent de faire le point. Les arguments en faveur d'une machination d'État ne manquent pas. D'où les deux hommes tenaient-ils ces armes à feu, alors qu'ils étaient théoriquement à l'isolement dans leurs cellules ? Andreas Baader avait son revolver près de la main droite, alors qu'il était gaucher. D'autre part, au lieu de porter ses baskets habituelles, il avait des chaussures à semelles de crêpe sur lesquelles on a trouvé des traces de sable. Quant à Raspe, il a été tué d'une balle dans la nuque. Et, surtout, il y a les déclarations de la rescapée, Irmgard Moeller : — Je ne dormais pas. J'ai entendu du bruit, puis j'ai senti que je perdais connaissance, comme si j'avais respiré un gaz hypnotique. Je suis revenue à moi pour entendre deux hommes dire : «On a tué Baader et Raspe...» Après, je ne me souviens de rien. (à suivre...)