Résumé de la 11e partie n On retrouve plusieurs membres de la bande à Baader morts dans leur cellule. Une seule survivante Irmgard Moelle a reçu de nombreux coups... Le chancelier Helmut Schmidt prend les devants et donne le jour même devant le Bundestag, la chambre des députés allemande, ce qui restera la version officielle : — Les prisonniers ont eu recours à la destruction de leur vie comme moyen de combat. Autrement dit, il les accuse de s'être tués de manière qu'on puisse penser qu'ils ont été éliminés... Alors, suicide ou liquidation ? On en a discuté âprement sur le moment et il faut tenter à présent de faire le point. Les arguments en faveur d'une machination d'État ne manquent pas. D'où les deux hommes tenaient-ils ces armes à feu alors qu'ils étaient théoriquement à l'isolement dans leurs cellules ? Andreas Baader avait son revolver près de la main droite alors qu'il était gaucher. En outre, au lieu de porter ses baskets habituelles, il avait des chaussures à semelles de crêpe sur lesquelles on a trouvé des traces de sable. Quant à Raspe, il a été tué d'une balle dans la nuque. Et, surtout, il y a les déclarations de la rescapée, Irmgard Moeller : — Je ne dormais pas. J'ai entendu du bruit, puis j'ai senti que je perdais connaissance, comme si j'avais respiré un gaz hypnotique. Je suis revenue à moi pour entendre deux hommes dire : «On a tué Baader et Raspe...» Après, je ne me souviens de rien. Pourtant, force est de reconnaître que son récit n'est pas crédible et que c'est la thèse du suicide qui l'emporte. Des exécuteurs venus tuer la jeune femme auraient porté leurs coups avec beaucoup plus de force et de précision et ne l'auraient pas laissée en vie. Elle n'a pu survivre que parce qu'elle s'est frappée elle-même. Quant aux deux hommes, leur suicide n'est pas douteux non plus. Un de leurs avocats, Klaus Croissant, a avoué qu'il leur avait fourni les revolvers. Après quoi, ils s'en sont servi de manière à faire croire à une exécution, Raspe en se tirant une balle dans la nuque, ce qui est difficile mais possible, et Baader, le gaucher, en utilisant sa main droite. Et s'ils ont tous décidé de recourir à cette autodestruction - c'est ainsi que le chancelier l'a déclaré devant le Parlement - c'est bien pour porter un dernier coup au gouvernement qui se verrait accusé de crime d'Etat. Ce qui n'a pas été le cas :l'opinion a accueilli la fin de la bande à Baader avec un immense soulagement. Andreas Baader et les siens n'ont rien obtenu avec leur mort, mais ils n'ont pas eu plus de résultat avec les actions menées durant leur courte existence. Aujourd'hui, avec le recul, on est frappé par le contraste entre la violence, la sauvagerie de leurs crimes et leur peu d'impact sur la société allemande. Celle-ci a continué d'être florissante, sans jamais être sérieusement ébranlée. De plus, contrairement à ce qu'avait annoncé la revendicatrice anonyme de l'assassinat du patron des patrons, la lutte n'a pas continué. Le terrorisme s'est arrêté avec la mort de ses auteurs. Le grand embrasement révolutionnaire dont ils avaient rêvé n'a été qu'un feu de paille. La bande à Baader n'a infligé à l'Allemagne que des souffrances et des larmes inutiles.