Contribution n Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger en design aménagement, Réda Ighil livre, dans cet entretien, ses impressions sur le design. InfoSoir : Le design est plutôt un facteur économique qu'artistique. Que faut-il faire pour le développer ? Réda Ighil : Le design est effectivement un parallèle à une industrie. Les designers algériens doivent s'organiser en une association, ne serait-ce que ça, pour parvenir à sensibiliser les industriels et le patronat. Il faut frapper à la porte de chacun pour arriver à s'imposer comme tel. Le design est l'affaire de tous. C'est à nous, designers, que revient la tâche de faire connaître notre travail, le proposer et le faire valoir. Y a-t-il des designers en Algérie ? Une chose est sûre, il y a une nouvelle génération de designers qui travaillent et créent. Nous sommes dans le domaine du design. Nous ne travaillons pas périodiquement. Cela ne veut pas dire cependant que nous produisons à grande échelle. Il y a néanmoins un travail qui se fait dans ce sens. Nous sommes là, et chacun marque de son empreinte et de sensibilité. Qu'en est-il alors du design algérien ? Le design algérien est hybride. Il est tourné vers son histoire. C'est un design qui se cherche, qui veut s'affirmer, qui veut reprendre son héritage, celui de son histoire, de sa culture et de sa mémoire. C'est ce que vous faites ? Mon travail consiste à explorer de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. C'est vrai que dans ma prochaine création, j'ai l'intention de reprendre l'héritage culturel et de récupérer des éléments à caractère ethniques, en intégrant le tout aux matériaux nouveaux et modernes, mais sans que cela soit du «restylage» ou du cliché. C'est-à-dire ? Loin de moi, l'idée de vouloir exiger ou endosser une spécificité. Mon but n'est nullement de me situer par rapport à quelque chose. Je n'utilise pas le design pour affirmer une identité ou me revendiquer par rapport à une appartenance culturelle ou à une géographie ethnique. Mon souci est la création et l'innovation. On ne réécrit pas l'histoire, on la fait revivre à travers des matériaux, des objets, des espaces, et par lesquels on crée des sensibilités. Que signifie pour vous le design ? Avec le design, on aspire beaucoup plus à quelque chose de sentimental qui existe réellement, mais qui, quelque part, est égaré entre le passé et le futur. Moi j'essaie et j'aspire à le mettre au présent, à le remettre dans son contexte. Car un designer est un précurseur, un lanceur de tendance, et nous, nous sommes là pour créer. Vous êtes artiste, et comme tout artiste créatif vous êtes animé par le souci de l'exploration et de l'expérimentation... En effet, tout commence chez-moi par l'exploration. Au début de chaque création, il y a ce souci et cette envie d'aller de l'avant. J'explore, je vais plus loin avec les matériaux que j'utilise. Je les découvre en les travaillant, et une fois que je les ai expérimentés, je passe à autre chose. En fait, j'explore tout matériau que je ne connais pas. L'exploration véhicule l'émotion, la manière dont je façonne l'objet. C'est le toucher de l'objet et à quoi il aspire, c'est-à-dire le côté visuel.