Mudo est le nom d'une chaise en plexiglas que présentera Redha Ighil au Musée national d'art moderne (Mama). Il avait tout d'un artiste classique. Quelques croquis et un sens de l'humour aiguisé. L'homme de 30 ans créait alors ses premières armes d'adolescent en esquissant des voitures de course et des bus. Redha commence en tant qu'amateur en réalisant des petits logos. A 17 ans, il se spécialise en décoration de vitrines, très demandée à l'époque..«C'était juste une dimension, c'était loin d'être suffisant. Le design est plus créatif que ce que je faisais avant», soutient le talentueux dessinateur. Il intègre l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger pour en sortir, cinq ans plus tard, avec un diplôme en aménagement. Un domaine et un univers durs à suivre? Il répond avec assurance: «Ce n'est pas le bon terme. C'est plutôt palpitant. Le champ d'influence est plus vaste, mais très instantané. Il faut être extrêmement vigilant.» Avec le recul, il se remémore son rêve de faire une carrière internationale mais avec un produit algérien. «Ici, on est déjà dans l'international», laisse-t-il tomber avec le sourire d'un homme ayant trouvé son salut, en faisant référence à la mondialisation. Le design, un domaine en pleine expansion, à la croisée de l'art, de la technologie, de l'économie et des relations humaines. Car il concerne l'ensemble de nos modes de vie. Une fonction distinguée, reconnue à l'échelle mondiale pour sa «personnalité», synonyme de qualité et d'originalité. Cet aboutissement se présente comme un lien social, plaçant l'homme au centre de sa réflexion, et en cela se place parfaitement dans une logique de développement durable. Ayant acquis la réussite, Redha Ighil, crée en 2002, une petite entreprise en aménagement et graphisme. D'ailleurs, il réalise ses premiers graphismes en concevant le logo-type de l'Agence de presse algérienne, suivi d'une collaboration avec un groupe de boissons algérien. A la question de savoir ce que pense l'artiste du mobilier qui se trouve actuellement sur le marché national, il estime que c'est une reproduction timide. «Hélas, la contrefaçon occupe une place de choix, mais normalement, ces professionnels en design sont à la disposition des artisans et vous invitent à transformer l'espace en créant des aménagements fonctionnels et esthétiques, en élaborant des plans techniques assistés par ordinateur, direction de chantiers, et la coordination entre les différents métiers impliqués dans un projet.» Si cette indépendance ou indifférence est pour une part illusoire, c'est que les individus tombent simultanément sous une commune dépendance à l'égard du mouvement de leurs propres produits devenus autonomes, en face d'eux, sous forme de marchandises, d'argent et de capital, donc à l'égard d'un système de rapports sociaux sur le devenir général duquel ils n'exercent plus aucun contrôle et dont dépend pourtant leur reproduction. Redha Ighil ne prétend pas avoir atteint l'euphorie. «Cet art contemporain vient avec beaucoup de contraintes», concède-t-il. «Mais peu importe la contrainte, il faut que tu joues avec.» A-t-il ajouté. L'artiste devenu un peu chef d'orchestre à sa manière, a les yeux pétillants quand il aborde l'avenir. En Algérie, on est en train de se faire une ratée de belle place. Dans les prochaines années, il y aura beaucoup de choses qui en résulteront. Et notre artiste sera aux premières loges...